Art et béton
Quand le béton devient inspiration pour les artistes
Si les premières utilisations artistiques du béton relevaient davantage du moulage, pour des reliefs ornementaux, le XXe siècle a vu émerger un intérêt croissant des artistes pour les possibilités qu’offre ce matériau.
Carlo Sarrabezolles invente ainsi, en 1926, la sculpture par taille directe du béton frais, une technique qui exige une grande rapidité et habileté, et qu’il applique à des éléments colossaux, tels les géants Phinaërt et Lydéric ornant le beffroi de Lille. À sa suite, de nombreux artistes affectionnent le béton pour des œuvres monumentales, ou pour du land art. Vincent Ganivet assemble, sans mortier ni colle, des blocs de béton pour créer des arches jusqu’à 6 m de hauteur. Long term parking, d’Arman, est une tour de 20 m constituée voitures superposées et coulées dans du béton. Alberto Burri, avec Il Grande Cretto – un labyrinthe de béton sur 10 ha -, rend hommage, in situ, aux victimes du séisme de Gibellina.
Mais finalement peu importe la taille de l’œuvre. Ce qui séduit avant tout, c’est la capacité du béton à se métamorphoser en un élément pur, léger, sensuel, évocateur… « Le béton est en attente d’une âme, c’est un sanctuaire qu’on peut charger. Il suit la volonté de l’artiste », explique le sculpteur Davide Galbiati. Claude de Soria, elle, se met à l’écoute du ciment pour « ne pas manquer la moindre innovation du hasard ». Tout comme Véro Reato, qui exploite les possibilités du BFUP et y ajoute divers ingrédients, pour une sorte de cuisine moléculaire. Ce qu’elle appelle un « béton de culture ».