Les festivals
Né en 1983 à Johannesburg, en Afrique du Sud, Daniel Popper, tout juste diplômé de la Michaelis School of Fine Arts, se lance en 2007 dans les installations et les performances artistiques lors de festivals musicaux à travers le monde (Electric Forest Festival aux États-Unis, Boom Festival au Portugal, Rainbow Serpent Festival en Australie, Afrikaburn en Afrique du Sud). Longtemps pensées comme provisoires, ses œuvres intéressent de plus en plus le marché de l’art et s’enracinent à Tulum (Mexique), à Miami ou à Chicago (États-Unis).
Projection de lumière et végétation
Qu’il s’agisse de sa gigantesque déesse présentée à l’Electric Daisy Carnival de Las Vegas ou du dieu de la forêt de 12 mètres de haut conçu pour le Boom Festival au Portugal, ses géants de béton font appel à de multiples collaborations. En plus des membres de son équipe, techniciens et artisans intègrent aux œuvres musique électronique, éclairage LED et projections lumineuses.
Daniel Popper met également en scène des figures humaines ornées, percées de tunnels de végétation : « Je suis inspiré par la nature. J’aime travailler le côté monumental. Je suis inspiré par l’interaction humaine. J’aime la possibilité de créer des œuvres de grande taille avec lesquelles les gens peuvent interagir et réfléchir à leur expérience avec la nature. »
Thrive, de la poésie dans les villes
« J’utilise le béton à une échelle industrielle. J’ajoute différents éléments dans le mélange pour donner la maniabilité dont j’ai besoin », explique Daniel Popper.
L’une de ses œuvres récentes, Thrive, mesure près de 9 mètres de haut. Elle a nécessité 14 tonnes de béton renforcé de fibres de verre. Dévoilée à la Society Las Olas, un complexe résidentiel à Fort Lauderdale, en Floride, elle fonctionne comme une installation d’art public permanente. Cette sculpture représente une femme qui ouvre sa poitrine pour laisser apparaître un tunnel de fougères. « Il m’a fallu trois mois pour réaliser Thrive », précise Daniel Popper, qui se réjouit d’insuffler un peu de poésie dans les villes.
Modem Swamp, une star psychédélique
Autre installation permanente, Modem Swamp, est une figure féminine haute de 8 mètres, créée pour le Festival Modem en Croatie. La structure d’acier est recouverte de béton. Ce personnage fantastique tient son visage devant sa tête comme un masque, la jungle sauvage pousse dans son crâne. Lorsque la nuit tombe, la sculpture de béton se transforme en star psychédélique et accueille musiciens et DJ du monde entier.
Transmission, harmonie et lumière
L’environnement est essentiel dans l’œuvre de Daniel Popper : « Je traverse les lieux et j’essaie de laisser les paysages me parler. J’y suis très sensible et toujours curieux de voir comment il vont m’inspirer, éclairer ou modifier un projet. J’imagine les installations réelles qui naitront en réponse à cet espace. »
Au cœur du désert de Mojave, dans le parc national de Joshua Tree, en Californie, Daniel Popper a collaboré avec la promotrice et architecte d’intérieur Morgan Brown.
Une piste de terre mène à l’oasis de luxe et aux chambres d’hôtes du Mojave Moon Desert Ranch que celle-ci a créé. Sur le chemin, le visiteur croise une déesse de béton assoupie et sereine.
De part et d’autre, deux grandes paires de mains, paumes ouvertes, transmettent énergie et lumière. Daniel Popper a utilisé du béton renforcé de fibres de verre pour ériger ces portes géantes de plus de 9 mètres de haut. Incrustées dans la masse, des mosaïques taillées dans un miroir dichroïque changent de couleur en fonction de l’angle de vision. Le creux des paumes et le front de la divinité sont percés d’un cercle ou d’un croissant de lune qui permettent de voir le ciel et le désert. À certaines heures, ils laissent passer les rayons du soleil.
Chasm, un monument post-apocalyptique
Si les œuvres de Daniel Popper invitent souvent à une méditation douce, certaines d’entre elles proposent une reflexion sur l’état du monde. Il en est ainsi de Chasm, « le gouffre », sculptée en 2021 à Las Vegas. Un buste de femme entaillé d’une faille profonde, un monument post-apocalyptique de huit mètres de haut qui symbolise la fracture d’une société et les différences a priori irréconciliables entre les gens, leurs points de vue et leurs sentiments. Les minces fils de métal qui relient encore les deux parties laissent un peu d’espoir.
Bien sûr, il s’agit d’une libre interprétation, Daniel Popper n’impose jamais sa vision d’une œuvre : « Chaque sculpture a une histoire derrière elle, mais j’aime laisser les questions sur chaque pièce un peu ouvertes, afin que les gens puissent venir y apporter leurs propres idées. Je veux que les gens viennent ici et remettent en question leurs propres relations avec la nature.»
Daniel Popper souhaite rendre le spectateur acteur de son interprétation. « Je pense que les choses inachevées sont plus intéressantes parce que les gens peuvent y apporter quelque chose de leur propre histoire. Vous trouverez plus de magie dans les choses de cette façon », conclut-t-il, déjà plongé dans ses nouveaux projets.
Un grand merci à Chrisy Charles et Jonathan Pilmer, de l’équipe de Daniel Popper.