Quelle est votre formation ?
J’ai appris les bases de la sculpture du métal à l’école Olivier de Serres et dans un atelier collectif du Loiret pendant cinq ans. Mon premier contact avec le béton ? Du ragréage et le coulage de dalles de béton puis j’ai commencé à réaliser des moules souples sur des bases de métal.
Peu à peu, le besoin de développer mon propre langage a pris forme et j’ai installé mon atelier personnel dans une grange du Beaujolais. Ma technique a évolué sans référence à un savoir-faire donné. Mes formes ne sont pas conceptuelles, elles sont pensées à la manière d’un architecte.
Je fais tout de A à Z. Sans travailler d’instinct, je sens quand une pièce fonctionne bien. J’ai testé plusieurs sortes de ciment et de matières de moules. Je travaille toute seule et plutôt des pièces de grande taille. Même si je suis petite, je vois en grand !
Au début, j’exposais dans une galerie de la Cité radieuse à Marseille et en parallèle je travaillais pour des décorateurs d’intérieur, à présent mon travail évolue de plus en plus vers le mobilier.
Vos sources d’inspiration ?
Quelques sculpteurs, comme Serra, Chillida ou Bernard Vernet qui sont des « métalleux » plutôt que des « bétonneux ». Le rapport à l’espace, les proportions du lieu, sa végétation, m’inspirent. C’est une approche assez classique du volume et de l’équilibre.
La sculpture Sous le socle, a été une des premières à utiliser ma grammaire d’acier et de béton, un cadre de métal suspendu avec des plaques de béton. Une autre, Contre, est une suite de plaques de métal et de béton empilées les unes contre les autres, elle a été réalisée dans le cadre du programme 1 immeuble/1 œuvre. Saran, est une grande sculpture participative dans une cité d’Orléans. L’œuvre est un lieu de mémoire en France pour une population souvent déracinée. Elle est constituée de tronçons de métal et de béton.Chaque ligne brisée représente un appartement et les anneaux, le nombre de pièces. Les noms des occupants sont gravés et le gardien est formé pour ajouter les noms des futurs habitants.
Vous travaillez avec des galeries ?
Oui, je travaille avec des galeries à New-York et Londres. Leurs clients achètent sur commande les œuvres exposées. Je peux les adapter pour eux. Le galeriste New-yorkais Renaud Vuaillat expose régulièrement mes œuvres. Sa galerie est devenue une des plus en vue de New York, ce qui m’impose de concevoir des pièces de plus en plus haut de gamme.
Quels sont vos recherches en cours, vos projets ?
Je viens de contacter un atelier de souffleur de verre pour associer métal, verre et béton. Autre axe de recherche, utiliser une sorte de cotte de maille qui permet des formes en 3D, figées dans le béton. Le ponçage crée un contraste entre forme figée et forme fluide. Et je viens de remporter un appel à projet à Clermont Ferrand avec une sculpture de 4 m de hauteur qui propose un cadrage de l’espace. Ce sera ma première sculpture dans l’espace public !