Quelle est votre formation ?
Après mes études d’architecture au Québec, j’ai travaillé pendant une vingtaine d’années. Je créais en Free-lance des formes, des plans techniques et des modélisations d’architectes en 3D. Depuis dix ans, je me consacre à la sculpture. Une année en Indonésie m’a aidé à passer de l’écran à l’atelier.
Comment avez-vous découvert le béton ?
Après l’Indonésie, j’utilisais le plâtre pour réaliser des tuiles murales en relief. Un jour, j’ai acheté un sac de béton… un premier escalier et une colonne sont nés. Ça a été le déclic avec la matière ! Pourquoi ne pas faire des constructions modulaires en 3D ? Des sortes de modèles d’étude à photographier ? Une pièce d’un seul morceau, sans véritable fonction m’a fait penser à une sculpture.
Vous utilisez une technique particulière ?
Les moules de mes premières œuvres étaient en silicone et réutilisables. Aujourd’hui ils sont en polystyrène, découpés à la main, assemblés et collés. Ils sont détruits lors du démoulage. La taille de mes pièces va de l’échelle du bijou jusqu’à 1 mètre de hauteur avec un volume moyen est de 30 par 40 cm. J’essaie de ne pas dépasser les 25 kg pour qu’elles soient faciles à transporter. Au fil des ans, je produis beaucoup. Il y a toujours une quinzaine de pièces à l’atelier.
Pourquoi avez-vous choisi le béton ?
J’aime ce matériau économique. Son prix n’est pas une limitation à la créativité. Il me permet de faire par moi-même ce que je veux avec des moyens limités. Je peux réaliser une pièce en une journée ou deux, et la refaire si je ne suis pas satisfait. Le travail est rapide et précis. J’utilise un béton sans fibre, moyen-haut de gamme. Une certaine dose d’agrégat pré-mélangée lui donne de la force. Le béton monochrome prend bien la lumière et les ombres, on peut jouer avec les reliefs, les formes, les textures. Selon le moule, la matière est brute ou prend le luisant d’un miroir. J’aime que les couleurs ne soient jamais « parfaites ». Les coulures, les bulles, les imperfections donnent leur aspect unique aux pièces. Après quelques essais de coloration, je préfère le fini naturel du gris.
Qui sont vos collectionneurs ?
Beaucoup d’architectes et de designers. Je travaille avec une galerie en Belgique. Le réseau d’art et de galeries est aussi très actif. Avec les réseaux sociaux, je revois passer des œuvres anciennes mises en ligne par les collectionneurs.
Quelles sont vos sources inspiration ?
Bien sur ma première inspiration vient de l’environnement bâti, le travail du Corbusier en particulier. L’univers de Giorgio de Chirico me fascine. Il est tout à la fois surréaliste, minimaliste, inquiétant et poétique. Mais je ne suis pas intéressé par un discours intellectuel sur l’Art : j’essaie de faire les choses instinctivement, les unes après les autres, sans justifier mes gestes. Je préconise beaucoup de faire les choses sans trop réfléchir. Ça prendra des mois, voire des années, mais une idée abandonnée peut reprendre son sens vingt ans après. Ma production est constante avec une évolution assez lente et il y a peu d’évolution entre chaque pièce. Je suis toujours dans l’instant présent.