Comment vous est venue l’idée de travailler le béton ?
Ma volonté de créer des tableaux d’extérieur avec un matériau inaltérable m’a conduite vers le béton. Cependant le problème du poids était central pour pouvoir les déplacer seule et pour la fixation. Lorsque j’ai entendu parler d’un canoë kayak de quatre mètres de long réalisé en béton et porté par deux personnes (voir encadré), je suis partie à la recherche de ce matériau « léger ». Une vraie croisade, mais je l’ai trouvé : il s’agit du BFUP, le béton fibré à ultra-hautes performances.
Pourquoi parlez-vous de béton de culture quand vous évoquez vos travaux ?
J’ai commencé à travailler le béton il y a bientôt 7 ans. Je crée des sculptures et des installations murales indoor/outdoor. Ces œuvres, souvent circulaires, mesurent en moyenne 1 m de diamètre, et les plus grandes 1,50 m. Et elles sont creuses et fines : 1 cm d’épaisseur.
Je réalise des pièces uniques dans des moules perdus en évitant au maximum le ponçage, car je recherche l’aspect brut du matériau. Celui-ci est un béton blanc teinté dans la masse, ou coloré avec des oxydes de fer, de cuivre ou de manganèse, des acides qui grignotent la matière et se fixent dans le béton avec des effets de rouille, de vert de gris. J’y inclus des éléments organiques ou minéraux.
Une vraie cuisine de chimie empirique qui mêle recherches, culture, nature, et beaucoup d’essais et de casse… Je l’ai baptisée « béton de culture », un clin d’oeil au bouillon de culture !
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je m’inspire de la nature. Ma série Alvéolaires, par exemple, reçoit des inclusions de bois de différentes essences ainsi que des bambous ; les oxydes ajoutent des couleurs naturelles. La collection Cortex regroupe des pièces en béton finement texturé suggérant coquillages et fossiles ; et la gamme Organique évoque le monde microscopique.
Certaines pièces sont figuratives, une branche de cerisier en fleurs par exemple, ou intègrent des feuilles végétales dans le béton. J’aime l’idée d’une pièce évolutive, où le motif tombe peu à peu en poussière, laissant juste son empreinte.
Comment le public peut-il vous rencontrer ?
Mes rencontres avec le public se font essentiellement à travers les salons. Lorsque j’ai commencé à exposer, il avait un a priori assez négatif vis-à-vis du béton. Les choses ont bien changé ! Je participe au salon Maison et Objet, le rendez-vous international des professionnels de la décoration et du design, ainsi qu’au magnifique salon résonance[s], à Strasbourg. Sinon, je travaille avec des galeristes, des décorateurs, des architectes. Enfin je viens d’être sélectionnée pour participer à la Biennale Internationale des Métiers d’Art & Création au Grand Palais, en mai 2019 !