Lorsqu’on parle de nature, d’art et d’architecture, impossible d’ignorer Éva Jospin. La sculptrice travaille ses matériaux de prédilection, le carton bien sûr, mais aussi, depuis quelques années, le béton.
Celui-ci lui permet de mouler ses motifs avec une finesse extrême et de sculpter des forêts enchantées, arbres, grottes ou nymphées inspirées de la Renaissance italienne, comme ses Folies de béton ou, plus récemment, Capriccio, un arbre de béton installé dans le jardin de l’hôtel de la Chancellerie, à Versailles.
L’artiste aime la beauté « en soi » du béton. Il lui permet de travailler des œuvres en extérieur et possède une grande souplesse et plasticité.
Du béton matricé pour une façade-écorce
Pour le groupe Emerige et le cabinet d’architecture Brisac Gonzalez, Éva Jospin était donc l’artiste idéale pour créer une œuvre sur leur chantier de Massy-Vilgénis, dans le cadre de « 1 immeuble, 1 œuvre ».
Sur cette parcelle de 20 hectares, logements, commerces et crèche prennent place sur toute la périphérie du terrain, tandis que le cœur de l’îlot privilégie la pleine terre et les arbres. Potagers, bacs à compost, pergolas, jardinières et terrasses promettent convivialité et détente aux habitants.
Initiée en 2020, la collaboration entre la sculptrice, l’architecte et le promoteur a été poussée à l’extrême puisqu’Éva Jospin a habillé les bâtiments d’une écorce de béton inspirée des arbres. Une matrice en trompe-l’œil, Matera, recouvre l’ensemble des façades, depuis le socle jusqu’aux étages. Sur ce chantier, l’artiste a travaillé par strates de béton, les rez-de-chaussée deviennent ainsi le prolongement des espaces verts. L’immeuble, devenu œuvre d’art, s’intègre parfaitement à l’esprit « communauté de la forêt » des lieux.
Pour Éva Jospin : « Il n’y a pas si longtemps qu’il existe une rupture entre l’architecture et les artistes, depuis que la construction s’est normalisée et industrialisée. »
Faire infuser l’art dans la ville
Il y a plus de sept ans maintenant que le ministère de la Culture et de la Communication a lancé le programme « 1 immeuble, 1 œuvre » afin d’accompagner les promoteurs immobiliers dans une démarche de soutien à la création artistique.
« Ils étaient 13 signataires de la charte le 16 décembre 2015, ils sont désormais 72 », se réjouit le président du « club 1 immeuble, 1 œuvre », Artur Toscan du Plantier.
Géants de l’immobilier, bailleurs sociaux ou plus petits acteurs, tous s’engagent, pour chaque projet neuf ou de réhabilitation, à rémunérer un artiste et à financer la réalisation et l’installation de son œuvre.
Tous les acteurs de la filière sont convaincus que l’art doit « infuser » dans la ville par l’architecture et que cette synergie participe d’un rapport concerté entre art et architecture.
Une réalité quotidienne pour Éva Jospin qui a déjà plusieurs œuvres à son actif : La Traversée, une forêt de carton dans le VIIe arrondissement, lauréate du 1er Prix « 1 immeuble, 1œuvre » ; des bas-reliefs en béton matricé et moulé, à Bagneux, pour le cabinet Lambert Lenack ; Les pantinoises, une sculpture monumentale dans le hall d’un immeuble de Pantin avec l’architecte Franklin Azzi ; et une sculpture monumentale de béton représentant un flanc de roche couvert de lianes pour la nouvelle gare du Kremlin-Bicêtre dans le cadre du Grand Paris.