Au sud de la Creuse, la ville d’Aubusson tire sa réputation de la fabrication de tapisseries, dont elle fut l’un des hauts-lieux entre la fin du Moyen-Âge et le début du XXe siècle. Pendant six siècles, ses lissiers, qui bénéficièrent du titre de « Manufacture royale » sous l’Ancien Régime, réalisèrent des tapisseries d’art aux dimensions magistrales. La plus célèbre étant incontestablement La Dame à la licorne, actuellement conservée au musée de Cluny, à Paris.
Un espace pour les expositions temporaires
C’est cette tradition multiséculaire que glorifie depuis 2016 la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson, dans laquelle sont hébergés l’ancien musée départemental de la tapisserie d’Aubusson, un espace de formation, des ateliers de tissage et une vaste bibliothèque. Il manquait toutefois à ce bâtiment, imaginé juste après l’inscription des savoir-faire et techniques de la tapisserie d’Aubusson au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, de la place pour des expositions temporaires, lesquelles sont aujourd’hui délocalisées dans le centre-ville d’Aubusson, et pour des réserves supplémentaires.
Un monolithe au milieu d’un jardin
À l’issue d’un appel d’offres, cette extension a été confiée à l’agence d’architectes Projectiles. « Avec un musée existant en forme de croix, il apparaissait difficile d’y coller un nouveau bâtiment, raconte Reza Azard, architecte associé et cofondateur de Projectiles. D’où l’idée de créer, pour cette extension, un volume totalement indépendant, qui serait relié au bâtiment principal par une sorte de corridor souterrain. »
À l’emplacement du parking situé à l’arrière du musée, les architectes de Projectiles ont alors imaginé un monolithe, légèrement désaxé pour souligner davantage encore son autonomie. « Comme une apparition, il émergera au milieu d’une végétation luxuriante, qui résonnera avec les tapisseries d’Aubusson, où les jardins sont omniprésents, précise Reza Azard. D’une superficie totale de 1 800 m2, il comprendra deux niveaux très hauts de plafond pour pouvoir y suspendre les tapisseries. »
Des motifs de tapisserie gravés dans le béton
Dans ce projet, la place du béton est prépondérante. « Nous voulions de la minéralité, poursuit l’architecte. Des poutres au plancher, tout sera en béton. Celui-ci sera coulé sur place, avec un coffrage en canisse qui lui donnera un relief d’aspect brut, avec des irrégularités. » La peau du béton, de teinte grise, sera, par ailleurs, marquée par quelques motifs de tapisseries d’Aubusson, obtenus par sablage. « Ces motifs seront subtilement gravés, comme fossilisés, hors de tout cadre, décrit Reza Azard. Pour l’heure, nous ne les avons pas encore choisis, mais il y a tellement de cartons que nous aurons l’embarras du choix. » Les travaux doivent débuter à l’automne 2023, pour une ouverture au printemps 2025.