Le béton banché n’a pas fini de nous surprendre ! Réalisé au moyen de coffrages verticaux (les « banches ») pour construire façades, pignons, murs de refend…, ce béton armé est très robuste, et particulièrement recommandé sur des terrains accidentés. Mais c’est aussi une solution appréciée pour son esthétique, pour peu que le matériau soit laissé apparent.
Coffrage bois, esprit nature
Les peaux coffrantes, parties du coffrage en contact avec le béton lors de sa prise, offrent en effet de nombreuses possibilités créatives : un coffrage acier donne un beau rendu lisse, un coffrage bois crée une surface texturée à la manière d’une empreinte, et diverses matrices synthétiques peuvent être ajoutées pour élargir le choix de reliefs.
Les architectes ne s’y trompent pas, et sont bien souvent adeptes des coffrages bois pour concevoir des maisons au style minimaliste – mais enchanteur -, en résonance avec leur environnement naturel.
La Liminal House, entre terre et mer. L’agence McLeod Bovell, spécialisée dans les projets sur des terrains atypiques et concevant de véritables expériences spatiales, a ainsi designé la spectaculaire Liminal House sur le littoral de Vancouver, à l’ouest du Canada. Confrontée aux aléas climatiques, la maison se compose de bois Accoya, une essence imputrescible, d’aluminium et de béton banché. Elle s’appréhende comme un lieu en suspens, entre rivage et mer. Ses espaces alternent de vastes ouvertures vitrées et des volumes en porte-à-faux, sublimés par l’utilisation graphique du béton banché. Les surfaces rainurées par les coffrages bois évoquent un vocabulaire abstrait faisant écho à la nature. La Liminal House a reçu le prix “design architectural” 2024 des prestigieux A+ Awards d’Architizer.
Dove, comme une promenade en forêt. Également située au Canada, à Toronto cette fois, la maison Dove – signée par l’agence AGATHOM – s’organise en volumes indépendants connectés les uns aux autres par des cheminements. Son architecture singulière évoque une déambulation dans la nature canadienne, entre forêts et rivières. Au cœur du projet, deux cheminées monumentales sont adossées dans des enveloppes monolithiques de béton banché. Partout, les volumes sont découpés, la lumière entre à la dérobée, dans une continuité entre l’intérieur et l’extérieur. Comme dans la Liminal House, le béton banché est utilisé pour son expressivité. Les surfaces ont conservé l’empreinte irrégulière des planches de bois, avec des reliefs en décalage. Le béton banché y accomplit également sa mission structurelle, avec les piliers servant de mâts aux cadres en acier des toitures, qui forment un seul et même paysage.