Comment est née l’idée de ce musée ?
Je suis marseillais et j’ai lancé le projet du musée subaquatique en 2017, dans le cadre de Marseille capitale Européenne du sport. C’est un partenariat public-privé avec un important mécénat de compétences.
Notre ville se veut la capitale mondiale de l’univers sous-marin. C’est ici que la plongée sous-marine a été créée par des pionniers comme le commandant Cousteau.
Immerger des oeuvres d’art dans cette très belle rade, présente un attrait pédagogique, touristique et permet une sensibilisation du public à l’environnement.
Beaucoup d’associations sont venues s’agréger à ce projet sportif et éducatif. Il permettra aux sportifs de nager à cent mètres du rivage pour voir les statues et nous travaillons avec l’éducation nationale, le Collège Gaston Defferre et le lycée des Calanques tous deux établissements partenaires qui vont participer à l’élaboration d’une mallette pédagogique et du suivi scientifique.
Comment avez-vous choisi le site du musée ?
La mairie de Marseille a proposé l’Anse des Catalans. Un choix validé par la direction départementale des territoires et de la mer. La plage est toute proche du centre-ville.
Nous sommes en dehors du parc national des Calanques et hors zone Natura 2000, dans une zone surveillée et interdite aux embarcations à moteurs pour la sécurité des baigneurs. L’eau très claire permet une bonne vision des sculptures, posées en cercle sur le banc de sable à cinq mètres de profondeur et trente mètres du premier herbier de Posidonies.
Les nageurs pourront se tenir à une bouée de sécurité avec une main courante et regarder les œuvres avec leurs masques.
Quelles ont été les contraintes techniques ?
Il a fallu étudier les courants marins, la structure et la colonisation des bétons marins. Ils ne doivent pas être tout à fait lissées pour permettre aux substrats de mieux se développer. Il n’y a jamais « rien » sur un banc de sable, la vie est partout. Ce qui est enlevé sur le fond sera compensé dans le temps sur les structures.
Nous utilisons des ciments marins de haute résistance, certifiés écologiques, avec des rajouts de pouzzolane et de sable lavé. Ils sont utilisés pour construire les digues.
Les sculptures seront immergées après la saison estivale par l’équipe de Seven Seas, des spécialistes des travaux sous-marins. Elles seront scellées dans leur socle.
Le nombre d’ancrages à visser nécessaires pour des statues de deux tonnes a été doublé par sécurité.
Comment ont travaillé les artistes ?
Il y aura dix sculptures de dix artistes qui ont généreusement offert les oeuvres. Je suis allé les rencontrer dans leurs ateliers.
Nous avons pris en charge la réalisation des moules et le coulage réalisés par l’atelier Pierre Revol, dans la Drôme.
Ils ont travaillé sur le thème de la mer et chacun à sa manière : Mathias Souverbie a créé son Fish of Marseille, Davide Galbiati La graine et la mer et Evelyne Galinski, cinq Néréides.
Le Poséidon de Christophe Charbonnel existait déjà en bronze, son moule a été réutilisé.
Les singes de mer de Benoit de Souza et l’Ours polaire de Michel Audiard confrontent deux univers.
Ils ont tous dû s’adapter aux contraintes de la mer, travailler l’ergonomie, éviter les formes trop découpées et saillantes et prendre en compte le ressac qui va polir leurs œuvres.
Certaines d’entre elles, comme l’Oursin de Daniel Zanca ou l’arbre conçu par Herrel pour Coexistence, sont creuses et alvéolées pour abriter la vie marine. Deux sculptures sont en cours de réalisation pour venir compléter l’exposition, une œuvre de Thierry Trivès et une de Marc Petit.
Ce musée subaquatique allie l’univers sous-marin et celui de l’artiste. L’art est un trait d’union magique entre deux mondes, l’homme et la nature…