Jusque-là ville de garnison, Grenoble devient dès le milieu du XIXe siècle une métropole à l’avant-garde de l’innovation industrielle. Outre les secteurs de la métallurgie et de la chimie, c’est surtout le développement de l’hydroélectricité (“La Houille blanche”) qui va faire sa renommée.
Dans le domaine de la construction, Louis Vicat, futur grenoblois, invente dès 1817 le liant hydraulique et le ciment artificiel, dont le développement industriel est mis en œuvre par son fils Joseph dans la région (voir focus). Le ciment moulé va devenir une des spécialités de la métropole alpestre durant la fin du XIXe siècle et le début du XXe, en façade des immeubles et pour les trottoirs.
Mais c’est en 1925, avec la tenue de l’Exposition internationale de la houille blanche et du tourisme, que Grenoble rentre de plain-pied dans “l’ère du béton”. Symbole de cet évènement, la Tour Perret bâti en béton armé repose sur 72 pieux, est formé de 8 piliers et culmine toujours à 95 mètres dans le Parc Paul Mistral.
Autre bâtiment remarquable de cette période : le garage hélicoïdal (1928), de style Art Déco, utilise les performances du béton armé pour supporter le poids des véhicules sur sept étages et marque les esprits avec une rampe soutenue par des poutres qui rayonnent à partir d’une couronne de piliers disposée autour de la cour centrale.
À l’époque, Grenoble s’est déjà pour partie métamorphosée. La ville, qui a joué le rôle de base arrière durant la première guerre mondiale, est en pleine expansion démographique et urbaine.
Les grands boulevards sont creusés à l’emplacement des anciennes fortifications. C’est sur ce tracé qu’est élevé l’imposant immeuble en béton armé Gambetta-Rivet (1934), lui aussi de style Art déco.
L’effervescence des JO
L’après-guerre voit l’adoption du style Moderne qu’on retrouve dans l’immeuble Le Mercure (1949) construit sur une trame régulière et très fine de poteaux et de traverses horizontales en béton armé et doté d’une façade en mur-rideau entièrement vitré, une première à Grenoble.
Les années 1950 poursuivent dans cette voie à travers notamment l’édification de la Bibliothèque municipale d’étude et du patrimoine (1955), dont l’apparence massive est allégée par une double peau en béton ajouré et par le jeu des poteaux verticaux et des lignes horizontales des soubassements et des niveaux supérieurs. Les projets se multiplient durant les effervescentes années 1960.
Dans un contexte d’aménagement plus ou moins maîtrisé de la ville et de préparation des JO de 1968, des édifices spectaculaires sortent de terre comme Le Marché d’intérêt national (1963) avec sa voûte autoportante de 160 mètres de long sur 40 mètres de large ou encore Le Stade de glace (1967) et ses audacieuses coques de béton.
Les Jeux conduisent à une modification du plan Bernard, le schéma directeur d’aménagement de 1963 qui envisageait la conquête du sud grenoblois par une gigantesque et rigoureuse composition d’immeubles.
De ce programme demeure encore l’Hôtel de Ville (1967) avec son socle semi-enterré recouvert d’une plateforme marquée par un couronnement en béton brut. Pour répondre à l’accroissement rapide de la population, la ville se couvre de nouveaux lieux de culte tel l’église Saint-Jean (1965) en béton brut de décoffrage, ou d’immeubles de logements dont les plus célèbres sont les trois tours de l’Ile Verte (1967) dont les alvéoles de façade créent un effet de ruche…
Signe de leur qualité, nombre de ces bâtiments en béton sont aujourd’hui labellisés Patrimoine du XXe siècle.
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