1517, une création décidée par François Ier
De mai à octobre 2017, Le Havre accueille pléthore d’artistes. Plasticiens, designers, graphistes, metteurs en scène et autres romanciers viendront commémorer un événement majeur : les 500 ans de la ville ! Cinq siècles se sont en effet écoulés depuis le 7 février 1517. Ce jour-là, François Ier décide de créer un port fortifié au nord de l’embouchure de la Seine afin de favoriser le l’essor commercial maritime du royaume tout en pourvoyant à sa défense. Au fil de son développement, Le Havre a multiplié sa superficie par cinq en absorbant les villages et faubourgs environnants.
1944, année zéro pour Le Havre
Tout est balayé par la Seconde Guerre mondiale qui laisse la ville en ruines. La reconstruction est confiée à Auguste Perret, un spécialiste du béton armé qui va révolutionner le courant du “classicisme structurel” dont il se réclame. Sa démarche tranche sur tout ce qui est pratiqué. Le béton, dont les propriétés sont déjà reconnues, est alors presque exclusivement cantonné aux fondations et structures. Auguste Perret va au contraire déployer toutes ses possibilités d’expression plastique. Les façades du Havre seront donc agrémentées d’une grande variété de bétons : bruts, teintés, bouchardés, lavés, poncés, ajourés… L’architecte impose un nouveau langage qui combine éléments classiques (colonne, chapiteau, entablement, corniches) et modernes (dissociation structure/façade, préfabriqués, toitures terrasses).
Le Havre, laboratoire urbain
Le Havre devient ainsi un véritable laboratoire urbain où se multiplient les édifices appelés à devenir des classiques tels que l’Église Saint-Joseph, avec sa tour lanterne de 107 m visible à plus de 60 km au large, l’hôtel de Ville, dont la tour de 18 étages culmine à 72 m, ou encore la Porte Océane, avec ses deux tours symétriques encadrant l’avenue Foch pour former une ouverture grandiose sur l’océan. Auguste Perret conçoit aussi autour de la place de l’Hôtel de Ville les Immeubles Sans Affectation Individuelle (ISAI). Érigés autour d’un cœur ouvert végétalisé abritant une tour, ils démontrent la maîtrise de l’architecte dans l’utilisation du béton intégrant l’ossature poteaux-poutres et les éléments de remplissage préfabriqués, avec une subtile gamme allant du beige au violet. C’est avec ces ISAI qu’Auguste Perret définit la trame de 6,24 m qui facilitera l’exécution d’éléments standardisés partout dans la ville, tout en créant une harmonie visuelle.
Les successeurs d’Auguste Perret
Peu reconnu de son vivant, Auguste Perret va pourtant trouver des successeurs. Dès la fin des années 1950, Otello Zavaroni perpétue son héritage avec Le Pasino, un lieu de négoce devenu un casino en 2006. Dans les années 1960, Georges Candilis s’illustre avec la Résidence de France. Cette “méga-structure” de 1 200 appartements traversants répartis sur 5 hectares reprend les principes posés par le mouvement “Architecture moderne” auquel se rattachaient aussi les conceptions de Auguste Perret.
Enfin, à la fin des années 1970, c’est le Brésilien Oscar Niemeyer qui valorise le béton armé dans la ville, et l’enrichit de lignes libres, en réalisant l’espace culturel du Volcan.
Classé au Patrimoine mondial de l’humanité
L’œuvre d’Auguste Perret et de ses équipes va même avoir un retentissement universel. Dès 1995, l’architecte Joseph Abram est missionné pour faire entrer le centre-ville dans la liste du Patrimoine mondial de l’humanité établi par l’Unesco. Ce sera chose fait dix ans plus tard, en 2005. Une récompense largement méritée, car comme le soulignait le dossier de candidature : « Sa valeur universelle est exceptionnelle, à la fois sur le plan historique, en tant que témoignage de cette phase de modernisation intense des villes et des réseaux, sans précédent dans l’histoire de l’Humanité, et artistique, en tant qu’œuvre majeure de l’architecture et de l’urbanisme du XXe siècle. »
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