Certains territoires sont associés plus que d’autres à une activité industrielle. C’est le cas du Haut-Bugey, au nord de la région Auvergne-Rhône-Alpes, où se trouve la « Plastics Vallée », surnommée ainsi pour son importante concentration d’entreprises spécialisées dans le plastique.
Parmi les sites pionniers de la plasturgie, au XXe siècle, figure l’usine de la Grande Vapeur, à Oyonnax.
La fabrication de peignes en celluloïd
Aujourd’hui fermé et en mauvais état, cet ancien haut-lieu de la fabrication de peignes en celluloïd fait partie des 18 sites qui bénéficieront des fonds récoltés lors du prochain Loto du patrimoine, organisé en septembre 2024 à l’initiative de la Mission Patrimoine de Stéphane Bern (voir encadré), et dont l’objectif est de sauvegarder le patrimoine en péril.
Si le site a été sélectionné dans le cadre de ce célèbre Loto, c’est tout d’abord pour son intérêt patrimonial, comme en atteste sa protection au titre des monuments historiques (les extérieurs sont classés et les intérieurs inscrits depuis 1988).
Construite en 1905, l’usine de la Grande Vapeur a été imaginée par l’architecte Auguste Chanard comme un modèle du genre en matière de sécurité.
L’enjeu principal était effectivement de permettre à des ouvriers indépendants de travailler sans risques le celluloïd, une matière première hautement inflammable, qui supplantait alors la traditionnelle corne pour la fabrication des peignes.
Le choix du béton armé contre les incendies
Pour éviter la propagation d’un incendie et éteindre rapidement les flammes, Auguste Chanard commença par faire le choix d’un bâtiment en béton armé, en raison de sa grande résistance aux fortes températures.
Étaient également prévues une répartition du travail en cabines individuelles, ainsi qu’une organisation du bâtiment en deux ailes, susceptibles d’être isolées en cas de départ de feu.
Enfin, la toiture-terrasse faisait office de réserve d’eau, à laquelle chaque cabine était reliée, lui permettant d’avoir un extincteur automatique au plafond.
Un projet de valorisation ambitieux
L’autre explication de la sélection de l’usine de la Grande Vapeur à l’édition 2024 du Loto du patrimoine réside dans le projet de valorisation du site. En effet, la commune, propriétaire des lieux, prévoit d’y installer un musée dédié aux savoir-faire du peigne et de la plasturgie.
Y seront également implantés l’office de tourisme, des espaces de coworking, un fab lab, des tiers lieux et une pépinière d’entreprises.
De quoi faire souffler un nouveau vent de modernité sur ce site emblématique de l’industrie locale.
Lancement des travaux prévu début 2025, pour un montant global de 12,6 millions d’euros, dont près de 5,3 millions d’euros dédiés à la restauration du bâtiment.