Pour l’immeuble Trait d’union qui vient d’être livré, vous avez créé la surprise avec une façade de béton bleu. Pourquoi ce choix ? Et comment avez-vous choisi ce bleu-ci, alors que la gamme des bleus est très étendue ?
La parcelle est située entre le périphérique et les voies ferrées allant à la gare Montparnasse. Nous voulions nous démarquer de cette austérité avec une couleur capable d’apporter de la luminosité, sans pour autant faire surgir une sorte d’OVNI sur ce site. Le bleu est une couleur universelle, non clivante. En ce qui concerne la nuance particulière, elle s’est imposée au fil des essais.
Justement, en termes de mise au point et de mise en œuvre, quelle est la complexité d’un tel béton ?
Nous avons effectué une série d’essais en laboratoire avec le cimentier et le fournisseur de pigments pour préserver la nuance initialement choisie, puis des essais sur la centrale où serait fabriqué le béton car les matériaux utilisés dans la production sont différents. Cela a demandé toute une série de tests.
Normalement, la formulation des bétons varie en fonction de la résistance exigée par les différentes parties d’un bâtiment. Pour éviter d’avoir des variations de couleur, il a été décidé d’avoir une seule formulation, quitte à avoir par endroits un béton avec une résistance supérieure à celle exigée.
Les habitants du quartier et les occupants du bâtiment sont-ils satisfaits ?
À date, nous avons eu une curiosité certaine mais peu d’avis exprimés de la part des habitants des alentours. Néanmoins, l’un des occupants du bâtiment, une jeune apprentie, m’a dit une chose qui m’a particulièrement marqué.
Elle a dit : « C’est au-delà de mes espérances. » Je pense qu’elle parlait surtout de l’appartement qui lui avait été attribué, mais cela incluait aussi peut-être la construction et donc la couleur bleue. Le directeur de la Régie immobilière de la ville de Paris, le maître d’ouvrage, s’est montré clairement très satisfait.
Les bétons colorés sont-ils tendance en ce moment ?
Les bétons colorés existent depuis très longtemps. Je ne note pas un mouvement de fond sur le sujet, mais il y a un réel intérêt. Le béton brut n’a pas besoin de finition, mais il garde encore parmi le grand public une mauvaise connotation. La couleur permet de basculer de l’imaginaire du béton de parking vers une vraie finition.
Avez-vous renouvelé cette expérience chromatique sur d’autres projets ?
Nous travaillons sur un projet pour Paris Habitat sur le site de l’ancienne caserne de Reuilly, dans le XIIe arrondissement de Paris. L’édifice se situe dans une rue avec des constructions en briques rouges. En béton teinté dans la masse, il déclinera cette couleur pour être en phase avec cet environnement mais aussi parce qu’il est un marqueur d’entrée du nouveau site.
Sur chaque projet, nous examinons l’environnement pour mieux comprendre le projet. Selon la fonction du bâtiment et sa situation, nous optons pour une présence plus affirmée ou plus discrète.