Comment fait-on du béton coloré ?
Un béton coloré s’obtient de diverses manières. Il peut être teinté dans la masse – option la plus durable dans le temps – ou en surface. Mais on peut également le peindre ou le lasurer.
• Option 1 : le béton teinté
Le béton teinté est le fruit d’un mélange d’eau, de ciment et de granulats, comme le béton standard, auquel est ajouté un pigment naturel ou artificiel.
L’incorporation d’un colorant au moment de la fabrication du béton permet de le teinter dans la masse, alors que le saupoudrage d’un colorant durcisseur sur le béton frais, juste après coulage, donne une coloration de surface.
• Pigments bien dosés
Teintant les mortiers et bétons dans lesquels ils sont intégrés, les pigments couvrent une large palette de couleurs : jaune, ocre, rouge, vert, bleu, brun, noir…
Ils peuvent être à base de terres, ocres, minerais ou d’oxydes métalliques : chrome, cobalt, titane…. Ces pigments se présentent généralement en poudre, parfois en granulés ou bien sous forme liquide.
Le dosage des pigments, exprimé en pourcentage du poids du ciment, varie entre 0,5 et 2 % pour des teintes pastel ou claires, et peut aller jusqu’à 5 % pour des teintes vives.
• Ciment blanc et granulats de couleur
La couleur des bétons teintés dépend également de leurs constituants minéraux, dont la teinte peut aller du gris soutenu au blanc le plus lumineux, en passant par des gammes naturelles plus marquées.
Le ciment blanc, plus que le ciment gris, permet de révéler les couleurs naturelles des sables et gravillons. Il devient alors intéressant de réfléchir à la nature des granulats utilisés.
Les granites permettent par exemple d’aller sur du jaune, rose, vert ou gris ; quant aux marbres, ils donnent du noir, bleu, rose, beige, blanc ou vert.
À noter que le ciment blanc permet aussi d’obtenir des couleurs plus claires et plus vives, lorsqu’un pigment est ajouté.
• Un vaste choix de finitions
En termes de finition, un béton teinté peut être lissé manuellement ou mécaniquement. Il est également possible de le matricer, imprimer ou polir – voire boucharder, balayer, sabler, ou désactiver quand il est teinté dans la masse.
Chaque finition propose un aspect de surface différent, dans une infinie palette chromatique.
• Autres options : le béton peint ou lasuré
La peinture et la lasure sont un autre moyen de colorer le béton. Que ce soit pour un sol ou un mur, la peinture permet de dissimuler l’aspect brut du béton et de masquer les ragréages en apportant une touche de personnalité.
Disposant d’un fort pouvoir couvrant, la peinture époxy est bien adaptée à une surface intérieure, tandis que la peinture polyuréthane, plus résistante et plus brillante, peut être choisie pour une surface extérieure.
Nettoyable à l’eau, la peinture alkyde est un mixte entre peinture acrylique et glycéro qui peut s’appliquer en intérieur comme en extérieur.
Les lasures, quant à elles, apportent une touche colorée tout en valorisant la texture du béton par leur transparence.
En extérieur, elles permettent aussi de protéger le béton, en facilitant le ruissellement de l’eau et en réduisant les salissures.
Sachez aussi qu’il existe des lasures et peintures anti-graffiti. Elles permettent de nettoyer plus facilement les surfaces soumises au vandalisme.
Concernant le béton teinté dans la masse, trois types de revêtements sont à privilégier selon le risque de répétabilité des tags : les anti-graffiti sacrificiels doivent être appliqués après chaque nettoyage, les semi-permanents supportent au moins cinq nettoyages, et les permanents dépassent les 10 nettoyages.
Béton décoratif, en extérieur et en intérieur
Coulé sur place ou en dalles préfabriquées, le béton coloré est souvent appliqué au sol, dans le cadre d’aménagements extérieurs : terrasse, allée de jardin, plage de piscine, cour, descente de garage… Il est aussi très en vogue à l’intérieur de l’habitat, par exemple pour des escaliers ou pour des sols en béton ciré.
Très apprécié des architectes, le béton coloré permet de donner une identité à un bâtiment, en lien avec son environnement paysager, urbain ou historique.
Des façades teintées en rouge vermillon, blanc immaculé, bleu outremer ou noir de carbone affirment leur singularité. Comme le béton rose et rouge de La Muralla Roja (Ricardo Bofill), découpant sa silhouette sur l’horizon méditerranéen, ou le béton bleu-blanc-rouge de La Marseillaise (Jean Nouvel), contribuant à faire de cette tour un repère dans la cité phocéenne. À l’inverse, un béton coloré peut fondre le bâtiment dans son environnement.
Deux avantages clés : un béton esthétique et fonctionnel
Indéniablement, le principal atout du béton coloré est son esthétique. Compte tenu de l’infinie palette de nuances et de finitions qu’il est possible de lui donner, le béton coloré apporte une réelle touche d’originalité pour une décoration personnalisée.
Il est aussi capable de s’intégrer esthétiquement à tout type de site (urbain, rural, côtier…) et d’architecture (moderne ou traditionnel).
L’autre intérêt du béton coloré est de répondre à un objectif fonctionnel, notamment pour accroître la lisibilité d’une voirie afin d’y sécuriser le trafic.
C’est le cas des pistes cyclables et des cheminements piétons colorés. Le béton coloré permet également de distinguer un aménagement urbain (banc, escalier, jardinière, abribus…).
Professionnel fortement recommandé
Que ce soit pour une teinte dans la masse, une coloration de surface ou une peinture, le recours à un professionnel est recommandé.
Déterminer la couleur, doser le colorant, fabriquer et couler le béton, procéder à sa finition ou à sa protection… pour chaque étape, la mise en œuvre d’un béton coloré requiert l’intervention d’un artisan qualifié, dans les règles de l’art.
Avant tout chantier, il ne faut pas hésiter à demander un échantillonnage pour bien valider le choix de la teinte, car celle-ci peut s’éclaircir après séchage.
La coloration du béton est parfois difficile à maîtriser, tant lors de sa mise en œuvre qu’au fil du temps, sous l’influence de nombreux paramètres : température, hygrométrie, ventilation, régularité de fabrication et de mise en œuvre, délai de décoffrage…
L’exsudation de chaux et la poursuite de l’hydratation du ciment peuvent aussi faire apparaître des taches blanches ou un voile blanc à la surface d’un béton coloré.
Pour préserver sa coloration, il est recommandé de protéger le béton par sa cure, tout de suite après décoffrage, puis d’appliquer un produit anti-taches 20 jours après le séchage.