En pleine friche ferroviaire, le projet de renouvellement urbain Nancy Grand Cœur se voulait exemplaire en termes de développement durable et de sobriété énergétique. C’est dans ce contexte, et dans un périmètre contraint, que s’est inscrite la construction de deux immeubles de 54 et 7 logements sociaux. « La ZAC étant un écoquartier, il nous a paru évident de réaliser une construction passive, non seulement pour une question de performance thermique et environnementale globale, mais aussi pour réduire la facture énergétique des occupants », explique Rolf Matz, fondateur de Rolf Matz Architecture, l’agence en charge du projet. C’était aussi le souhait du bailleur social Batigère.
Une conception bioclimatique sur près de 4000 m2
Malgré des volumes importants (3 022 m² en R+6 et 699 m² en R+5), les deux bâtiments ont été conçus suivant les principes de l’architecture bioclimatique. « Une construction passive est un bâtiment bioclimatique tellement isolé et étanche à l’air qu’il n’a pas besoin de chauffage additionnel et conventionnel, hormis une VMC double flux », rappelle Rolf Matz. C’est ce principe qui a été retenu, avec une orientation optimisée des façades, des toitures végétalisées et un raccordement à un puits canadien sous la construction, pour préchauffer l’air en hiver et le rafraîchir en été. La forme particulière des bâtiments permet aussi de maximiser les apports de lumière, tant dans les logements que dans les parties communes, grâce à un nombre important de fenêtres triple vitrage.
Des prémurs thermiques en béton
Pour le volet construction, l’agence d’architecture a retenu un système bien particulier : un mur à coffrage et isolation intégrés, constitué de deux parois minces en béton armé avec un isolant sur le côté extérieur et un vide central permettant le coulage du béton. Fehr Group a ainsi livré 3 500 m² de « précoffrés thermiques passifs » pour les façades, dont 1 000 m² matricés destinés au rez-de-chaussée. « Ces prémurs ont permis d’accélérer la vitesse d’exécution et de réduire les coûts de construction, tout en assurant l’isolation thermique du bâti », poursuit Rolf Matz.
Une réponse aux enjeux sociaux
Certifié par la Fédération française de la construction passive, l’ensemble affiche une consommation d’énergie primaire comprise entre 112 et 98 kWh/m2/an. Il a obtenu le label Passivhaus et le Trophée du bâtiment passif 2023, catégorie collectif neuf. « Cette construction passive répond à des enjeux à la fois environnementaux et sociaux, se félicite Rolf Matz. Elle permet d’améliorer le confort des occupants, et aussi de leur rendre un pouvoir d’achat essentiel. Et quand je vois des locataires heureux d’habiter là où ils vivent, s’approprier et respecter les parties communes, c’est la plus grande des satisfactions pour un concepteur de logements sociaux ! »