Inaugurée le 28 avril 1925, sur 23 hectares entre le Grand Palais et les Invalides, l’Exposition internationale des arts décoratifs est placée sous le signe de l’audace. Entièrement consacrée aux artistes modernes, accueillis dans des édifices reflétant les nouveaux défis architecturaux, elle constitue à la fois un manifeste et un tremplin pour le style Art déco.
Un souffle de modernité
Pour l’occasion, ceux qui deviendront les grands noms du XXe siècle conçoivent des pavillons à l’architecture novatrice. Si l’Exposition universelle de 1889 avait vu triompher l’usage du métal, celle de 1925 consacre le béton armé. Encore jeune, le matériau y dévoile son potentiel structurel, mais aussi esthétique et philosophique.
Ainsi, le Pavillon de l’Esprit Nouveau illustre les théories radicales de Le Corbusier à travers un protype de l’habitat standardisé, équipé par Charlotte Perriand – et industrialisé grâce au béton. Une démarche alors largement incomprise.
Robert Mallet-Stevens, de son côté, recourt au béton armé pour le Pavillon du tourisme : loin des ornements classiques, cet ensemble à la géométrie épurée est notamment doté d’une tour-horloge de 36 mètres de hauteur (deux voiles minces disposés en croix). L’architecte collabore aussi avec les frères Martel pour implanter sur l’esplanade des Invalides des arbres cubistes aux larges feuilles de béton.
Offrant une vision moins radicale de l’architecture, Henri Sauvage préconise, lui aussi, le béton armé pour le Pavillon Primavera : il fait appel aux frères Perret pour l’ossature de cette « hutte », dont la toiture intègre de grandes lentilles en verre coulé (exécutées par Lalique), et qui constitue un temple moderne et raffiné exposant les créations de l’atelier du Printemps.
Jusqu’au 29 mars, la Cité de l’architecture et du patrimoine propose une immersion dans cet événement phare, notamment grâce à une reconstitution en maquette virtuelle. Elle rend ainsi hommage à cette génération d’architectes qui posa les fondations d’un nouveau style, à la fois visionnaire et profondément ancré dans son temps.