Une prairie sur rampe de béton
C’est à l’agence d’architecture Henning Larsen que l’on doit le Moesgaard Museum, ou MOMU. Une vaste rampe rectangulaire, soutenue par des poutres en béton armé, est née de son inspiration sur le versant de la colline.
S’élevant en pente douce, elle recouvre les trois étages et les 16000 m2 de superficie du musée. Entièrement végétalisée, l’imposante structure de béton s’intègre parfaitement dans ce paysage de collines et de forêts.
Depuis cette terrasse-prairie, les visiteurs peuvent profiter de la vue sur la mer toute proche. Au fil des saisons, elle accueille des stages de théâtre, des marchés vikings ou, lorsqu’elle est recouverte de neige, les plaisirs de la glisse.
S’inscrire dans la chaîne du temps
Le hall, immense et baigné de lumière, allie l’élégance d’un béton lisse très clair avec les tons chauds du bois de bouleau. Deux escaliers monumentaux peuplés de statues ethniques rappellent au visiteur qu’il s’inscrit dans la chaîne du temps et des civilisations. Les salles, assez neutres, accueillent les expositions temporaires.
Un choix assumé par Jan Skamby Madsen, l’ancien directeur général du musée : «L’architecture du hall est relativement anonyme. Cela crée d’excellentes conditions pour nos expositions temporaires. L’architecture du musée, d’autre part, supporte l’ambition de Moesgaard d’être plus qu’un musée. C’est une destination en soi.»
Voyage dans le temps
Avec des plafonds de 12 mètres de hauteur, et des couloirs dans des tons de terre, de bois ou de pierre naturelle, l’intérieur du musée est divisé en multiples terrasses archéologiques qui évoquent les paysages, les civilisations et les chantiers de fouilles. Néolithique, âge du bronze, âge du fer, Vikings… voyage garanti dans le temps. Sans oublier la star du MOMU : l’Homme de Grauballe. Cette momie des tourbières, très bien conservée et découverte en 1952, date du IIIe siècle avant notre ère.
Le Moesgaard Museum travaille également en étroite collaboration avec l’université d’Aarhus dans les domaines de l’archéologie, de l’anthropologie, de la conservation et des sciences naturelles.
Derrière le coup d’œil, beaucoup de technique
Pour les architectes de l’agence Henning Larsen, «l’emploi du béton au Moesgaard Museum est une référence au béton classique de réalisations telles que l’Unité d’habitation du Corbusier à Marseille ou l’Institut Salk, de Louis Kahn, en Californie.»
Ses atouts ne sont pas qu’esthétiques : la résistance mécanique et l’inertie thermique ont été des facteurs déterminants. Ainsi, dans une région soumise à d’importants contrastes de température, le toit conserve la chaleur à l’intérieur en hiver et ne la laisse pas entrer en été.
Le projet a mis en œuvre 9700 m3 de béton au total, dont 2 500 m³ de béton blanc. La dalle du musée a été coulée en une seule fois : 1100 m3 injectés par deux pompes. En raison de la vitesse de coulée, il a fallu une logistique millimétrée pour empêcher le béton de durcir avant utilisation.
Pour Louis Becker, de l’agence Henning Larsen, le MOMU est un grand motif de fierté : «Les institutions culturelles jouent un rôle très important dans notre société. Elles sont la version contemporaine des vieux centres communautaires où enfants et adultes se rencontrent à travers leurs centres d’intérêts et leurs passés.» Il suffit d’observer la vie des expositions, les groupes d’amis et les familles venues en randonnée profiter des terrasses pour voir que ce ne sont pas des paroles en l’air.