Le béton, matière à invention : le béton armé
Le béton armé, vous en avez entendu parler, forcément, il est indispensable dans la plupart de nos constructions.
Mais savez-vous que derrière ce nom, devenu commun, se cache une invention qui, dès la fin du XIXe siècle, a permis la naissance de nouveaux styles architecturaux et des ouvrages parmi les plus remarquables de l’histoire ?
Le béton a une très grande résistance à la compression. Si l’on place un poids au sommet d’un poteau en béton, ce dernier ne se déforme pas. Mais le béton résiste mal à la traction. De son côté, l’acier résiste bien à la traction.
Dans le courant du XIXe siècle nait donc l’idée de marier ces deux matériaux en plaçant dans le béton des tiges en acier, des armatures, là où peuvent apparaître des tractions.
Lorsqu’on applique une charge à une poutre, elle s’allonge en partie inférieure, c’est la traction. Et elle se comprime en partie supérieure, c’est la compression.Les armatures en acier, positionnées correctement, s’opposent aux efforts de traction.
Les tiges d’acier sont dotées d’une surface nervurée pour améliorer leur adhérence et éviter qu’elles ne glissent à l’intérieur du béton.
C’est ce matériau composite, béton et armatures d’acier, qu’on appelle le béton armé !
Comme souvent dans le domaine de la construction, le béton armé est une invention à la fois collective et internationale, fruit de l’imagination de plusieurs précurseurs. On peut citer par exemple : Joseph Louis Lambot et sa barque en “Ferciment”, François Coignet et sa terrasse en béton aggloméré renforcé par des poutrelles en fer, Joseph Monier, et ses bacs à fleurs, bassins, ponts, passerelles, planchers, terrasses…
Mais, jusqu’à la fin des années 1870, si le principe est découvert, la construction en béton armé n’a toujours pas pris son essor.
Ce n’est que dans les années 1880 qu’elle va tout doucement démarrer, grâce à un petit entrepreneur d’Arras installé en Belgique, François Hennebique.
Il dépose un brevet en 1892 pour un système innovant de « placement des fers en fonction des contraintes ».
Son système Hennebique lui assurera rapidement un quasi-monopole sur le béton armé dans les pays latins, et cela pendant au moins une quinzaine d’années.
En 1898 il crée une revue mensuelle, “Le Béton Armé”, véritable outil de communication avant-gardiste, au service de son image de marque.
En 1901, à Bourg-la-Reine (92), il conçoit sa fameuse “Villa Hennebique” comme une démonstration des possibilités du béton armé.
La circulaire du 20 octobre 1906 concernant les « instructions relatives à l’emploi du béton armé » rédigée par la commission du ciment armé, définit les règles d’usage et de calcul du béton armé en France.
C’est le début de l’ère du béton armé, qui en offrant une toute nouvelle liberté aux architectes et aux bâtisseurs, permet l’émergence des nouveaux styles architecturaux, du XXe siècle à nos jours.