Influences japonaises et occidentales
Amoureux de l’architecture et du Japon, à partir du 10 octobre, le Centre Pompidou propose une exposition exceptionnelle sur Tadao Ando. Il fallait bien une rétrospective de grande ampleur pour présenter et interroger l’œuvre prolifique de ce maître de l’architecture béton (300 projets répertoriés dans le monde en 50 ans de carrière), qui a pourtant suivi un parcours atypique.
Né en 1941, élevé par sa grand-mère dans un milieu de petits commerçants et d’artisans, le jeune Tadao se passionne pour l’architecture et se forme en autodidacte en dévorant les livres d’occasion trouvés chez les bouquinistes. Pour gagner sa vie, il devient boxeur professionnel à 17 ans tout en travaillant dans l’architecture intérieure et le mobilier.
Dans les années 1960, il parcourt le monde pour comprendre les clefs de l’architecture. Fasciné par Le Corbusier, il entreprend une véritable odyssée pour le rencontrer : Yokohama, Pékin, le Transsibérien, Moscou, Berlin… Las ! quand il arrive à Paris en août 1965, son idole vient de mourir.
La grammaire architecturale de Tadao Ando est ainsi très influencée par la Villa Savoye et la Cité radieuse, mais aussi par le Bauhaus, la lumière des abbayes cisterciennes ou encore les travaux américains de Louis Kahn. Elle mêle influences japonaises et occidentales.
Un prix Pritzker en 1995
De retour au Japon, Tadao Ando ouvre son cabinet et réalise de petites maisons individuelles en béton construites autour d’un patio. En 1979, le Prix de l’Institut d’architecture du Japon récompense son “manifeste” : la maison Azuma, à Sumiyoshi.
Aujourd’hui, on ne compte plus ses distinctions internationales, parmi lesquelles, en 1995, le prestigieux prix Pritzker, équivalent du prix Nobel pour l’architecture, doté de 100 000 $. Le président du jury salue « une philosophie de l’architecture qui crée des espaces où l’homme est en relation avec la lumière, l’ombre, le vent et l’eau, loin du chaos environnant de la ville ».
Le béton, symbole de l’époque moderne
La recherche de Tadao Ando s’articule autour de formes simples – cercle, carré ou rectangle -, avec une prédilection pour le béton brut, qu’il travaille afin d’obtenir des aspects lisses, brossés ou vernis. Il aime le voir changer avec le temps et capter la lumière.
Pour lui, « le béton symbolise l’époque moderne. Tout le monde peut s’en procurer (…) C’est avec ce matériau accessible à tous que j’ai voulu concevoir une architecture comme personne ». Qu’il s’agisse de l’Église de la Lumière à Osaka, du Temple de l’Eau sur l’île d’Awaji ou de la Punta della Dogana de Venise, ses réalisations sont toujours d’une grande sobriété. Tadao Ando considère l’architecture comme « un être vivant, un être mouvant » et s’inspire des formes naturelles de l’environnement.
Son chef-d’œuvre se trouve sur l’île-musée de Naoshima, dédiée à l’art contemporain, dans la mer intérieure du Japon. Une rampe s’enfonce dans le sol et permet au visiteur d’accéder au merveilleux et souterrain Chichu Museum. Tout en béton, couloirs nus et cours intérieures, il reçoit un éclairage naturel par des puits de lumière. Les Nymphéas de Monet y ont trouvé un écrin d’exception.
Tadao Ando sera également à l’honneur à Paris l’année prochaine, avec l’inauguration de la Bourse du Commerce, qu’il a réhabilitée pour accueillir la Fondation Pinault.