« Une machine à exposer ». Telle est la définition donnée par l’agence d’architecture Bien Urbain et le muséographe Studio Adrien Gardère, les maitres d’œuvre de l’opération de rénovation des espaces dédiés à la mode au sein du Musée des Arts Décoratifs.
Situé dans l’aile Rohan du Louvre, ce lieu qui accueille des expositions temporaires nécessitait d’être complètement repensé.
« Il était obsolète avec ses vitrines d’angle qui guidaient un parcours labyrinthique et très sombre. L’objectif de cette restructuration a été de permettre aux futurs scénographes d’exposer plus facilement et avec le maximum de liberté », explique Jérôme Stablon, co-fondateur de Bien Urbain.
Parois en béton des années 90
Dans cette partie du Louvre bâtie sous Napoléon III et transformée dans les années 1990 à la suite du réaménagement du musée, le parti pris a été de « curer » le bâtiment pour retrouver ses caractéristiques d’origine et les ajouts plus récents.
« La muséographie était très refermée sur elle-même avec des parois doublées de plaques de plâtre, des fenêtres masquées et des faux plafonds qui cachaient des volumes généreux. Avant notre intervention, il y avait ainsi 2,6 mètres de hauteur et après jusqu’à 3,6. Notre réponse architecturale a été de révéler le bâtiment d’origine, de l’ouvrir à la lumière naturelle et de l’inscrire dans la ville entre la rue de Rivoli et le Jardin des Tuileries. Il a également été de le mettre à nu pour que les scénographes puissent en faire ce qu’ils veulent grâce à l’installation de vitrines entièrement modulables et d’inserts dans les murs qui permettent d’habiller les parois si nécessaire », note Jérôme Stablon.
Le résultat est détonnant, avec la mise au jour non seulement des murs de pierre d’origine, mais aussi du béton des cloisons, des ensembles poteau-poutre permettant de passer d’une travée à l’autre ou des remplissages d’ouvertures en parpaing rajoutés lors des dernières décennies. Le matériau, en bon état, a été laissé apparent et juste recouvert d’une lasure minérale transparente pour éviter la propagation de poussière qui aurait pu endommager le textile des vêtements exposés.
« Il y avait aussi une volonté d’économie car le budget n’était pas extensible », reconnait Jérôme Stablon.
Escalier en tension
Sur cet espace de 1 280 m² qui s’étend sur deux niveaux séparés par un plancher intermédiaire en béton coulé, le changement le plus remarquable a été le remplacement de l’ancien escalier, très complexe avec sa double volée et qui se trouvait dans l’axe du parcours, par un nouveau autoportant en béton avec un garde-corps métallique.
« Il a été mis en face d’une fenêtre qui donne sur le jardin des Tuileries et sur le côté afin de permettre la tenue de deux expositions différentes. Avec les grandes retombées dans lesquelles nous avons logé les éléments techniques, de couleur blanche comme l’escalier, c’est la seule intervention contemporaine que nous nous sommes permis. Le dessin, très simple dans sa géométrie, représente un peu plus qu’un demi-cercle avec un mouvement ascensionnel en une seule volée. L’escalier est en tension avec la fenêtre, proche mais sans la toucher, tandis que la création d’une grande trémie amène beaucoup de lumière. »