Comment est né le projet de création du CIAP’s de Fougères, et quels en sont les enjeux ?
À l’origine du CIAP’s, il y a la volonté de Fougères de valoriser son histoire médiévale, industrielle et littéraire. La ville a non seulement un magnifique château, mais aussi un fort passé ouvrier, dont on ressent encore l’empreinte architecturale.
Enfin, l’écrivain et académicien Jean Guéhenno était originaire de Fougères, et de nombreux auteurs y ont séjourné, comme Victor Hugo.
En mettant en avant toute cette richesse, le projet comporte des enjeux patrimoniaux, touristiques et économiques très importants.
Quel sera son emplacement dans Fougères ?
Le CIAP’s sera situé au pied du château, ce qui lui permettra de capter ses nombreux visiteurs. Il viendra s’intercaler entre une Maison de quartier datant de la fin du XIXe siècle et un bâtiment du XXe siècle (l’ancienne école Raoul II). Sur ce même site, on trouve également un ancien hôtel du XVIIIe siècle (l’hôtel du Lion d’or).
Les séquences et les objets de la collection du CIAP’s se déploieront entre l’extension contemporaine et le premier étage de la Maison de quartier.
Pour nous, architectes, cette pluralité d’époques de construction, cette sédimentation en quelque sorte, propre au développement urbain, est très intéressante à travailler.
Justement, comment avez-vous abordé cette extension ?
Sur le site, les trois bâtiments existants sont identiques en termes de hauteur de construction. Les lucarnes et les percements des façades et des portes sont aussi très similaires. Mais ce qui nous a le plus frappés, c’est l’usage de la pierre, malgré des teintes et des appareillages légèrement différents entre les bâtiments.
À cette minéralité ancienne, il nous a paru pertinent d’ajouter un bâtiment construit lui aussi sous l’angle de la minéralité. Pour y parvenir, nous avons pensé naturellement au béton, aussi bien pour l’extérieur que pour l’intérieur.
C’est un matériau très expressif, dont on peut travailler la texture, la finition. Il nous permet d’assurer une réelle continuité, tout en se démarquant.
Quels ont été vos partis pris architecturaux ?
Pour apporter une présence contemporaine qui ne soit pas trop invasive, nous avons fait le choix d’un bâtiment d’aspect monolithique, simple et épuré, qui s’inspire des lignes de force existantes.
Ainsi, le volume de l’extension reprend une toiture à deux pentes, dont le faîtage poursuit celui de la Maison de quartier. Nous avons aussi quelques grands percements, notamment au rez-de-chaussée. Le béton, on l’a dit, jouera un rôle central dans cette extension d’une surface de 600 m2.
En étant légèrement teinté et sablé à l’extérieur, il répondra à la rugosité de la pierre environnante – à ce sujet, nous hésitons encore entre un sablage, un bouchardage ou un gommage. En revanche, la finition sera lisse dans les espaces intérieurs.
Quel est le planning ?
Nous réceptionnons actuellement les dernières offres sur les lots, à la suite de l’appel d’offres lancé au printemps dernier. Il est prévu que les travaux démarrent en février 2023, pour une livraison à l’automne 2024.
Durant le chantier, un gros travail sera fait sur le béton, avec des phases d’échantillonnage et de tests liés aux teintes.