Reconnue pour ses créations monumentales, Zaha Hadid est la première femme récompensée par le prestigieux prix Pritzker. Son projet pour la MAXXI a été retenu parmi quinze autres en compétition. Le site s’étend sur une ancienne caserne militaire, il comprend un ensemble de longs édifices aux formes sinueuses qui s’entrecroisent avec fluidité et un bâtiment réhabilité. Via Guido Reni, au cœur du quartier tranquille de Flaminio, la minéralité claire du béton, le verre et l’acier entrent en résonance avec les ocres de la brique et de la terre cuite romaine.
Deux musées sur un seul site
Dans cet espace “œuvre d’art”, l’épure et la lumière règnent sur près de 30 000 m2 de superficie, dont 10 000 m2 d’exposition. Les logiciels de modélisation ont permis à Zaha Hadid une extrême précision tout en lui laissant la maîtrise de sa création : « Rien ne remplace le dessin, j’utilise un logiciel très proche des procédés graphiques, mais je crois malgré tout que les dessins sont plus complexes que ce que l’on peut obtenir avec l’informatique. La seule chose qui ait changé, c’est que grâce à l’ordinateur, on peut vraiment réaliser ce que j’ai imaginé en le dessinant sur le papier. Parce qu’il ne s’agit pas du pouvoir de la main, mais de celui de l’idée. »
Géré par la fondation MAXXI Roma, les lieux hébergent depuis 2010 deux musées : un premier dédié à l’art et le second à l’architecture.
Un chantier gigantesque
Le chantier a duré 12 ans et coûté près de 150 millions d’euros. Avec cinq bâtiments et cinq galeries d’exposition baignées de lumière, courant parfois sur deux étages, le MAXXI Roma ne laisse personne indifférent. 50 000 m3 de béton ont été coulés sur place par 100 ouvriers. Un système de coffrage complexe a permis de couler in situ des voiles de béton parfois hauts de 14 mètres.
Grâce à un système de minces lames métalliques modélisés par ordinateur, les murs en béton architectural se métamorphosent. Les parois extérieures verticales s’inclinent ou se courbent. Épaisses de 40 cm, elles sont retenues au sommet par des poutres d’acier transversales. Le parapet est moulé à même la paroi de béton. Certains éléments de construction ont été repensés en 2002 quand Rome a été classée en zone sismique.
Du béton d’exception pour un bâtiment monolithique
Pour une architecture à la géométrie aussi complexe, il fallait un béton qui supporte des pressions importantes. Le choix s’est porté sur un béton autoplaçant. Très fluide, il est enrichi d’adjuvants, de résines et d’un granulat très fin de poudre de calcaire. La finition est lisse et très homogène. Coulée directement sur la dalle du sol, la jonction de la base des murs est unie, sans rupture. Afin d’obtenir une température de séchage du béton optimale de 25°, les coulées principales ont été réalisées de novembre à avril.
Créer un espace interactif
Murs blancs aux angles brisés, plafonds et planchers inclinés se confondent sur les quatre niveaux du MAXXI. Des lieux hors normes et futuristes qui permettent des scénographies nouvelles pour les œuvres de grands artistes contemporains italiens ou internationaux comme Kieffer, Richter, Gilbert & George ou encore Kapoor.
Guidé par la fluidité des rampes et des escaliers noirs, le visiteur se laisse guider ou perdre dans le jeu des galeries qui offrent des itinéraires multiples depuis le hall d’accueil, jusqu’aux lieux d’exposition, l’auditorium ou la médiathèque. Zaha Hadid, décédée en 2016, disait qu’elle voulait faire de ce musée « non pas un objet « container“ mais un campus pour l’art, où les flux et les chemins se chevauchent et se connectent afin de créer un espace dynamique et interactif ». Cette œuvre d’avant-garde, a été récompensée par le prix Stirling.