Le 20 octobre 1972, l’Université Catholique de Louvain accueille ses premiers étudiants dans la commune d’Ottignies qui sera rebaptisée Ottignies-Louvain-la-Neuve en 1977. André Jacqmain, un des maîtres belges de l’architecture, conçoit une vaste bibliothèque dédiée aux sciences et aux technologies. Son projet brutaliste, montre encore les veinures du bois et les lignes de jointure. En rupture avec les codes des années 1970, Jacqmain travaille des formes courbes et une grande toiture pentue en versant. Sur la façade Ouest, quatre balcons portés par des pilastre, à l’Est, deux tours de bétons et à l’intérieur, de grandes colonnes de béton en forme de voiles. En 1973, le bâtiment monumental ouvre ses portes.
Passage de relais entre architectes
Quarante ans plus tard, l’université souhaite transformer cette bibliothèque en musée pour exposer les collections assemblées par les professeurs. Elle confie le projet à Michel le Paige et Carole Deferière. Le passage de relais est émouvant car André Jacqmain lui-même, peu avant sa mort, leur donne la liberté totale d’intervenir.
« Nous avons privilégié un langage extrêmement simple en réduisant les matériaux mis en œuvre de manière à exacerber la présence du béton comme concept initial de l’architecte André Jacqmain », expliquent les deux architectes qui avaient deux challenges muséaux à relever : dégager de grands plateaux et faire entrer la lumière.
Remodeler l’espace
La toiture est rehaussée de douze centimètres et percée de châssis. Sur la façade Nord, une nouvelle entrée principale est ouverte.
Désormais parallèle aux grandes colonnes « voiles », elle réoriente de 90° la lecture spatiale et la circulation dans le bâtiment. L’emplacement d’un monte-charge, indispensable pour déplacer les œuvres dans un musée, est coulé en béton brut sur la façade Est.
À L’intérieur du musée, les structures en béton gris sont mises en valeur et associées au verre et au métal. Six niveaux sont créés pour le Cabinet d’histoire naturelle, les bibliothèques, des laboratoires scientifiques, le parcours muséographique et les différents lieux d’accueil, de repos et de restauration pour les visiteurs.
Un écrin de béton brutaliste pour la culture
Le chantier mobilise cinquante personnes au quotidien pendant deux ans et demi. Une superficie de plus de 5 000 m2 est créée, dont 3 880 m2 ouverts au public.
En 2017, entièrement restauré et agrandi, le nouveau musée de l’Université catholique de Louvain accueille ses premiers visiteurs. Les riches collections de l’université sont déployées : tous les objets, moulages, pièces minéralogiques et œuvres d’art, rassemblés par des générations de professeurs.
Des espaces sont prévus pour accueillir des artistes en résidence, des expositions temporaires, des ateliers pédagogiques et de vastes réserves accessibles aux chercheurs. La rénovation du musée poursuit un triple objectif : valoriser les collections sur les plans muséographique, éducatif et scientifique.
Anne Querinjean, directrice du Musée L, définit ainsi la fonction de ce jeune musée : « Architectes, scénographe, équipe du musée, nous créons en composant avec la force monumentale de l’architecture de béton brut de décoffrage, en dialoguant avec des objets et œuvres d’art extrêmement diversifiées pour que les publics puissent s’émouvoir, construire de la pensée, s’interroger, rencontrer, croître en humanité. »