La construction de terrasses en béton a-t-elle augmenté depuis les confinements successifs ?
Patrick Heinrich : Durant cette période, les gens ont pris conscience qu’ils pouvaient améliorer leur qualité de vie en aménageant leur extérieur. Il s’est alors produit un véritable engouement et la terrasse est le premier élément que les propriétaires de maison réalisent dans le prolongement de leurs intérieurs. Nous avons alors constaté une très forte augmentation de nos ventes de dalles extérieures en béton.
De surcroît, ce produit bénéficie actuellement d’une stabilité de ses prix. Hormis pour le ciment, il est peu consommateur d’énergie car composé pour le reste de granulats, de sable et d’eau. Au contraire, les dalles céramiques exigent un chauffage à une température de plus de 1 000 degrés. Elles subissent donc de plein fouet la hausse du coût de l’énergie.
Les dalles de béton ne sont-elles pas également plus faciles à mettre en œuvre ?
Patrick Heinrich : C’est en effet beaucoup plus simple que les dalles céramiques, d’abord parce qu’elles ont une bonne stabilité autonome. L’épaisseur d’une dalle céramique est le plus souvent de 2 cm d’épaisseur, alors qu’elle est fréquemment de 4 cm voire plus avec celles en béton, ce qui représente à minima 96 kilos du m². La pose pourra être faite par une entreprise, mais un particulier un minimum débrouillard y arrivera tout seul.
C’est d’ailleurs le plus souvent le cas. La difficulté, c’est de faire correctement le soubassement. La solution la plus simple et la moins onéreuse consiste à mettre en place un fond de forme en gravier de granulométrie de type 0/40 que l’on compacte en plusieurs étapes, puis de mettre au-dessus 3 à 4 cm de sable concassé puis les dalles béton.
Il est aussi possible de couler une dalle en béton armé et de poser les dalles sur des plots. Tout dépendra des sollicitations : des gros pots de fleurs, occasionnellement un véhicule… Si le soubassement est insuffisant, il peut se produire un affaissement au bout d’un moment. Il est également possible d’harmoniser des délimitations par des bordures, des marches ou des pots de fleurs qui ont le même aspect que les dalles.
Depuis leur apparition il y a une trentaine d’années, les dalles béton se sont-elles perfectionnées ?
Patrick Heinrich : Au départ, elles étaient relativement simples. C’était du béton brut et il n’existait pas encore l’ensemble des finitions que nous connaissons aujourd’hui.
À présent, les dalles sont en général constituées de deux couches : une dite de stabilité en béton et une dite d’aspect constituée de granulats nobles agrégés. La couche peut être en granit, en basalte, en quartz… Le choix va se faire en général par rapport à la pierre existante dans la région – du grès par exemple dans les Vosges – et selon le type de maison, ancienne ou moderne. Les deux couches sont assemblées par une importante pression et sont totalement indissociables. Au final, nous sommes passés d’un béton brut à un béton teinté, lavé, puis patiné voire grenaillé par des billes d’acier avec en variante une protection de surface au travers d’un vernis. Ce dernier protège contre l’humidité et les salissures, ce qui facilite le nettoyage. On peut aussi leur donner l’apparence du bois, ce qui est très à la mode. Quant à la couleur, la tendance va vers le gris et l’anthracite, moins vers des teintes claires car il y a un phénomène de réverbération.
Est-il possible de couler en place une terrasse pour un particulier ?
Patrick Heinrich : Cette pratique est plutôt réservée à des équipements collectifs mais c’est évidemment possible. Le problème est qu’il n’est pas toujours évident de faire rentrer une toupie béton dans son jardin et que le résultat est esthétiquement inférieur.
La modularité des dalles préfabriquées ainsi que la multitude de formats, de teintes et de finitions restent les plus adaptés aux particuliers. Il n’y a pas, selon moi, de plus-value à faire du béton coulé sur place par rapport à des dalles préfabriquées.