Au nord, le quartier des Princes
Industrie automobile, aviation ou studios de cinéma : l’entre-deux guerres fait de Boulogne-Billancourt, la capitale de la modernité. Auguste Perret, Le Corbusier, Robert Mallet Stevens, Raymond Fischer, Jean Niermans, ou Pierre Patout façonnent le quartier.
Tous sont de fervents adeptes du béton armé qui permet les cinq points d’une architecture nouvelle théorisée par Le Corbusier : construction sur pilotis, toit-terrasses, façades et plan libres, fenêtres en bandeau.
La rue Denfert-Rochereau est un manifeste de l’Art Déco : Raymond Fischer au n°4 ; Le Corbusier au n°6 (1927) ; Robert Mallet Stevens au n°8 (1926). Au n°5, l’immeuble paquebot conçu par Georges-Henri Pingusson (1934), avec sa proue vitrée et ses hublots, est inspiré par Le Britannic ou le Normandie. Au n° 2 rue Gambetta, Pierre Patout construit en 1928, un remarquable l’hôtel particulier-atelier.
Béton armé administratif et religieux en centre-ville
Maire de la ville, André Morizet confie la construction de l’Hôtel de Ville à Tony Garnier. Inauguré en 1934, l’édifice est inondé de lumière. Charles Giroud signe le bâtiment de la Poste en 1938 (N°26, avenue André-Morizet). L’église Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, rue de l’Ancienne mairie, est un bel exemple d’architecture religieuse en béton.
Au sud-ouest, les terrains Renault de Billancourt
De 1898 jusqu’aux années 90, Renault occupe plus de cent hectares en front de Seine. Il ne reste de cet empire que l’entrée monumentale des usines, place Jules Guesde. Depuis les années 70, de vastes projets immobiliers voient le jour sur ses anciens terrains.
Années 70’, le béton des grands ensembles
Premiers chantiers à la fin des années 1970, dans le quartier du Pont de Sèvres. Le vent de la modernité souffle sur la France et le président Pompidou veut des grands ensembles. Daniel Baldini et Pierre Roux-Dorlut conçoivent la Place haute. Construite en arènes, elle s’inspire de la piazza del Campo de Sienne. Le Forum du Pont de Sèvres ainsi que les Passages du Vieux Pont de Sèvres et d’Aquitaine, complètent l’ensemble. Construit sur dalle avec des éléments préfabriqués en béton, le quartier fait aujourd’hui l’objet d’un vaste plan de réhabilitation.
2020, Éco-Quartier dans le quartier du Trapèze
Dans l’Éco-quartier du Trapèze, sur 74 hectares, les urbanistes ont conçu une ville « parc ». À terme, des milliers de nouveaux habitants et de salariés y vivront. Teinté, végétalisé, sculpté ou imprimé, toutes les finitions du béton sont utilisées. Quelques exemples …Tour Horizons, les ateliers Jean Nouvel ont empilé trois bâtiments de style, volume et couleur différents.
Certaines façades sont en béton projeté anthracite sculpté par l’Atelier Artistique du Béton (AAB). Rue Yves Kermen, les Ateliers 115 architectes et une agence néerlandaise ont utilisé des briques de béton clivées blanches, grises et noires. Mémoire du quartier, sous un porche de la rue Marcel Bontemps, un mur en béton brut photogravé représente une vue aérienne de la zone à l’apogée des usines Renault.
La citadelle de l’île Seguin
L’aménagement de l’île Seguin est le point d’orgue de l’EcoQuartier. L’usine-citadelle Renault a été rasée. À sa place se dresse la Seine Musicale, un immense navire de verre et de béton conçu par Jean de Gastines et Shigeru Ban. Elle illumine le fleuve depuis 2017.
Pointe Amont, les catalans de RCR Architectes et l’agence Calq, construisent un centre d’art de 5 600 m². Il accueillera la collection du mécène Laurent Dumas et la collection d’art Renault. Un hôtel, un multiplexe et des jardins complèteront ce projet.
Des générations de talents ont fait de Boulogne-Billancourt une Ville d’art et d’histoire. Leurs réalisations inspirent l’architecture de demain, les bétons du futur ont de l’avenir !