Pourquoi avoir choisi la chapelle Saint-Pierre de São Paulo, que l’on doit à Paulo Mendes da Rocha ?
Ce qui m’intéresse chez da Rocha, c’est non seulement l’approche brutaliste qu’il a du béton, mais aussi le fait qu’il ait suivi, tout au long de sa carrière, le même geste formel : tous ses bâtiments sont conçus avec un sol, des supports verticaux et un plan horizontal, un peu à la manière des dolmens. J’ai choisi sa chapelle Saint-Pierre parce qu’elle se démarque du reste de ses œuvres. Alors que Paulo Mendes da Rocha s’appuie habituellement sur deux supports verticaux et un entablement, il n’utilise ici qu’un seul pilier porteur. C’est la seule et unique fois qu’il ait procédé ainsi.
Pour réinterpréter la chapelle Saint-Pierre, vous avez préféré une maquette, plutôt qu’un dessin. Pourquoi ?
Le choix du support était libre, j’aurais donc pu tout à fait opté pour le dessin ou la maquette 3D, mais je trouvais intéressant d’aborder le brutalisme par le biais d’une maquette coulée, de surcroît en béton fibré à ultra hautes performances. Ce qui m’intéressait aussi dans la maquette coulée, c’était de pouvoir rentrer dans les plans du bâtiment, d’en extraire les éléments principaux, pour ensuite les assembler. Cela me permettait de revenir à l’essence même du projet par des formes simples.
Quels ont été vos partis pris ?
Plutôt que de faire une maquette dans laquelle figureraient tous les éléments du bâtiment, j’ai préféré n’en retenir que les points forts. À savoir, la partie structurelle (le toit, le pilier central et le sol), ainsi que les éléments de composition qui définissent la vocation cultuelle du lieu (l’autel fixe, le tabernacle, les fonts baptismaux, l’escalier). Quant au béton, j’ai essayé de le rendre le plus élégant possible, en choisissant un béton blanc, teinté dans la masse.
Comment voyez-vous l’avenir du brutalisme et, plus généralement, celui du béton ?
Le brutalisme, tel qu’on le voit dans les œuvres de Paulo Mendes da Rocha ou de Le Corbusier, correspond vraiment à une époque. Mais comme tout est cyclique, il n’est pas impossible qu’une telle démarche fasse à nouveau des émules. Aujourd’hui, l’approche qui est privilégiée est plutôt celle de la mixité : le béton est associé au bois, au lin, ou encore à la fibre optique, pour ne citer que quelques exemples. Le béton est une belle matière à travailler, et elle a de nombreux atouts, comme l’inertie thermique.
Que préférez-vous dans le travail du béton ?
C’est un matériau qui offre énormément de liberté : avec lui, on peut réaliser toutes les formes possibles, imaginer toutes les portées.
J’aime tout particulièrement le moment du coulage, où la matière n’est pas encore solidifiée. Il y a un vrai suspens : on ne sait pas si le coffrage va tenir, si la répartition du liquide va bien se faire. C’est très intéressant.
1er prix du Trophée béton Écoles :
Le quartier des chiffonniers du Caire
3e prix du Trophée béton Écoles :
À Tokyo, le calme retrouvé
Le palmarès du Trophée Béton Écoles 2019-2020
Organisé par les associations Bétocib, Cimbéton et la Fondation École Française du Béton, sous le patronage du ministère de la Culture et de la Communication, le Trophée Béton Écoles révèle chaque année de futurs architectes.
1er PRIX – Projet de fin d’Études
Alexandra Kienlen et Tom Hirtzlin
Revalorisation du quartier des Chiffonniers – Le Caire (Egypte)
ENSA Strasbourg, sous la direction de Dominique Coulon
2e PRIX – Projet de fin d’Études
Ophélie Dozat
Le Mur (de soutènement) comme Paradigme du territoire
ENSA Versailles, sous la direction de Cédric Libert et Philippe Potié
3e PRIX – Projet de fin d’Études
Paul De Cathelineau
Temple urbain : se déconnecter de la frénésie de Tokyo (Japon)
ENSA Normandie, sous la direction de Laurent Salomon
1er PRIX – Studio (Licence 1, 2, 3 et Master 1)
Frédéric Livar
Maquette en béton de la Chapelle Saint-Pierre de l’architecte Paulo Mendes Da Rocha à São Paulo (Brésil)
ENSA Lyon, sous la direction de Laurent Mayoud