Pourquoi avoir situé votre projet à Tokyo ?
Si je me suis intéressé à Tokyo, c’est parce que j’y ai effectué mon dernier stage. J’avais été frappé par le mouvement incessant de la ville et son absence de lieux de pause pour les habitants. J’ai donc eu envie de développer un temple, avec des espaces de détente suspendus, déconnectés de l’agitation urbaine. Je l’ai implanté près de la gare de Shinjuku, la plus fréquentée au monde, avec 1,3 milliard d’individus qui s’y croisent chaque année et de nombreux commerces en sous-sol. Mon projet contraste avec toute cette frénésie.
En quoi consiste votre projet ?
C’est un équipement où se superposent des espaces publics, développés comme des belvédères accompagnés d’un programme axé sur le corps et l’esprit. Le premier programme propose des bains publics (sentô), une activité sociale très populaire au Japon. Son placement est un choix symbolique : les bains permettent de se laver le corps et l’esprit avant de monter dans les étages. Au-dessus se développe un jardin suspendu entre deux murs comme un temps de pause dans la ville. La tour est ensuite scindée en deux parties, séparées par un espace de méditation : la première partie abrite des expositions temporaires, tandis que la seconde se compose de dojos. Tout est en lien avec l’élévation spirituelle et le développement global du corps.
Pourquoi avoir fait appel au béton ?
Bien que les efforts déployés soient conséquents, le béton était une évidence pour son symbolisme tellurique : le béton étant un matériau qui sort de terre, il convenait parfaitement au projet, où il est question du monde du dessous et du monde du dessus. Je l’ai aussi choisi pour son opacité, car je souhaitais déconnecter complètement la tour de son contexte. Enfin, à Tokyo, tout est hétérogène, avec une variété d’échelle, que ce soit dans les panneaux publicitaires, les bâtiments, etc. Je voulais apporter de l’homogénéité dans cet univers de mécano, ce que permettait le béton.
Vous avez également intégré du bois.
Le béton fait effectivement office de structure, c’est lui qui soutient l’ensemble. Quant au bois il vient comme élément temporaire, adaptable, pour habiller les espaces. On en trouve notamment dans les bains sentô et les dojos.
Quel est l’aspect que vous appréciez le plus dans le béton ?
C’est un matériau qui offre énormément de liberté : avec lui, on peut réaliser toutes les formes possibles, imaginer toutes les portées.
Le béton est-il selon vous un matériau du futur ?
Aujourd’hui, quasiment tout ce qui est construit est en béton, cela va continuer mais évoluer. Pour Kant, l’architecture est un art de la « vérité sensible », celui qui donne à l’idée une figure matérielle. Le béton rend possible cette vérité sensible, structurelle.
Le palmarès du Trophée Béton Écoles 2019-2020
Organisé par les associations Bétocib, Cimbéton et la Fondation École Française du Béton, sous le patronage du ministère de la Culture et de la Communication, le Trophée Béton Écoles révèle chaque année de futurs architectes.
1er PRIX – Projet de fin d’Études
Alexandra Kienlen et Tom Hirtzlin
Revalorisation du quartier des Chiffonniers – Le Caire (Egypte)
ENSA Strasbourg, sous la direction de Dominique Coulon
2e PRIX – Projet de fin d’Études
Ophélie Dozat
Le Mur (de soutènement) comme Paradigme du territoire
ENSA Versailles, sous la direction de Cédric Libert et Philippe Potié
3e PRIX – Projet de fin d’Études
Paul De Cathelineau
Temple urbain : se déconnecter de la frénésie de Tokyo (Japon)
ENSA Normandie, sous la direction de Laurent Salomon
1er PRIX – Studio (Licence 1, 2, 3 et Master 1)
Frédéric Livar
Maquette en béton de la Chapelle Saint-Pierre de l’architecte Paulo Mendes Da Rocha à São Paulo (Brésil)
ENSA Lyon, sous la direction de Laurent Mayoud