Que souhaitiez-vous raconter à travers votre projet, intitulé “Le Mur (de soutènement) comme Paradigme du territoire” ?
Je souhaitais m’interroger sur la façon dont le soutènement construit le paysage, sur ses possibilités esthétiques, spatiales, et symboliques. En contenant les effets de poussée de terre (glissement de terrain, érosion des berges, coulées boueuses, effondrements ou encore chutes de blocs), le soutènement consolide le territoire, tout en s’y intégrant. L’idée était donc de faire du risque naturel un facteur de projet architectural, et d’établir une relation entre une infrastructure, en l’occurrence le mur de soutènement, et la qualité d’un paysage.
Pourquoi les monts du Cantal ?
Après avoir identifié 165 territoires à risque en France, j’ai choisi les monts du Cantal pour leur nature géomorphologique : c’est un stratovolcan intéressant, formé par une succession de mouvements de terrain, entre la fonte des glaces, les avalanches, les éruptions volcaniques, etc.
Quelle a été la place du matériau béton dans votre étude ?
L’usage du béton résulte d’une approche géologique. Ici, les murs de soutènement en béton s’adaptent à la forme des risques naturels, que ce soit un effondrement parabolique sur une paroi rocheuse ou un glissement de terrain longiligne le long d’un talus. Le béton devient l’empreinte de ce paysage en mouvement.
À quelles techniques de construction avez-vous fait appel ?
Afin de jouer avec le paysage, j’ai réutilisé le sol excavé du terrassement pour la fabrication du béton. C’est le procédé de la terre coulée, qui consiste à faire du déblais un matériau essentiel de la construction.
Selon vous, le béton est-il un matériau clé pour l’aménagement des territoires, dans une logique de développement durable ?
Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le béton devait utiliser plus encore les ressources du territoire où il est employé, composer avec d’autres matériaux naturels biosourcés. Au vu de sa grande solidité, on pourrait l’utiliser davantage comme un liant que comme un contenant, ce qui impliquerait de changer d’échelle dans l’aménagement de nos territoires et d’agir de manière plus ponctuelle. Cela permettrait aussi de créer un lien direct avec l’environnement, tout en multipliant les potentialités architecturales.
Quels aspects préférez-vous dans le béton ?
J’aime sa plasticité, c’est-à-dire sa capacité à prendre toutes les formes voulues selon les usages et les fonctions envisagées. J’apprécie aussi sa granularité et la force qu’il tire de ses aspérités visuelles.