Malgré son passé prestigieux, c’était une zone de 160 hectares un peu oubliée et presque devenue une sortie de ville. Mais depuis que la Mairie et la Communauté urbaine de Bordeaux ont entamé son réaménagement à partir de 2010, avec notamment l’arrivée du tram et la construction du pont Jacques Chaban-Delmas pour relier les deux rives de la Garonne, les Bassins à flots est redevenu un lieu dynamique. Situé au nord de la ville, ce quartier doit son nom à ces équipements portuaires soumis aux marées et fermés par une écluse afin que les bateaux ne s’échouent pas en période de basse mer.
Au XIXème siècle, ce faubourg de Bordeaux accueille les plus grands navires chargés de fruits et de céréales, ce qui en fait un pôle d’activité majeur. La suite est moins glorieuse avec la construction d’une base sous-marine par l’Allemagne nazi et un délaissement par les industries qui fait des Bassins à flots une zone de friches.
Pourtant, depuis 10 ans, des installations indispensables à la vie d’un nouveau quartier (écoles, crèches, équipements sportifs…) sont construits, de nombreux espaces publics sont créés ou requalifiés et des projets d’immeubles d’habitations ou de bureaux sont lancés. Et c’est bien souvent le béton qui est choisi pour les réaliser.
Le lot G8, un ensemble de 3 700 m² achevé fin 2019 et qui accueille une école de commerce, est une belle illustration de ce parti pris.
« Ce bâtiment tient une place on ne peut plus centrale, juste en face de l’intersection des deux bassins. Cet espace public dénommé le Pertuis fait la liaison avec le boulevard qui conduit au pont », souligne Martin Duplantier, l’architecte bordelais chargé du projet.
La volumétrie du bâtiment, édictée par le plan guide de l’architecte-urbaniste Nicolas Michelin, reprend celle des hangars maritimes avec ce toit à double pente. « Nous avons voulu quelque chose d’assez calme et épuré pour ne pas « en rajouter » dans ce quartier déjà varié et haut en couleurs. Mais nous avons tout de même adjoint des volumes dedans-dehors sur chacune des faces du bâtiment, qui se matérialisent par des patios en R+1 compris dans le squelette de béton », précise le concepteur du lot G8.
Un béton couleur Garonne
Le choix du béton s’est tout de suite imposé.
« Cet immeuble fait référence au passé industriel du site, mais aussi à la base sous-marine allemande de l’autre côté du bassin, réalisée également dans ce matériau. Ce vestige évoque un passé douloureux mais a une force étonnante car il accueille des manifestations culturelles. Avec le béton, il y a enfin la volonté de construire un bâtiment pérenne. »
Si l’enveloppe du lot G8, en façade comme à l’intérieur, est laissée en béton apparent avec des agrégats clairs, une lasure a été apposée.
« Elle donne au matériau une teinte bronze très légère pour rappeler la Garonne qui, comme l’Amazone, possède cette couleur car elle est chargée de limons. Il y a eu aussi un travail sur le calepinage avec des joints creux, qui donne un effet mécano au squelette béton. Enfin, les nus des façades vitrées sont tantôt extérieurs, tantôt intérieurs, donnant de l’épaisseur à la masse bâtie et la capacité d’accueillir autant du bureau qu’une école. »
Mais le béton, dans le quartier des Bassins à Flots, c’est aussi le lot G1, un ensemble mixte (logements-bureaux) de 3 800 m² inauguré en 2020, aux façades de béton matricé dont le dessin est constitué de courbes sinusoïdales inclinées à 45° ou 135°.
Autre « projet béton » : un ensemble mixte comprenant deux hôtels Marriott de 3 et 4 étoiles, ce dernier étant desservi par deux anciens silos tandis que six autres sont réhabilitées en galerie d’art. Ces établissements devraient ouvrir en cours d’année. Enfin, le programme immobilier Emblem, situé le long de l’écluse, mixte habitat social, haut de gamme, pour jeunes salariés, et utilise notamment le béton pour les lames sur les sols des balcons et des terrasses.