Dans quel contexte est né le projet de nouvelle capitainerie du port de Calais ?
Il s’inscrit dans le projet Calais Port 2015, qui a permis le doublement du port existant. Il a été confié à l’atelier 9.81 à l’issue d’un appel d’offres lancé par la Région Hauts-de-France. On parle de capitainerie, mais il s’agit également d’un poste d’éclusiers et d’une vigie, avec tous les services correspondants (vestiaires, cuisine, salle de repos, etc.).
Entre le sol et cette vigie, qui culmine à 38 mètres, il n’y a rien, juste une circulation verticale. La question était de savoir comment articuler ces différents éléments.
Quelle réponse avez-vous trouvée ?
Nous nous sommes inspirés du cairn, cet empilement de galets que l’on peut faire à la plage ou en montagne, et qui souligne à la fois l’autonomie des éléments qui le composent et le mouvement.
Nous nous sommes emparés de chaque élément de l’ouvrage, chaque « galet » en quelque sorte, pour lui faire raconter une histoire en lien avec le territoire de Calais.
On y trouve ainsi plusieurs évocations : en bas, les falaises du Cap Gris-Nez et du Cap Blanc-Nez ; en s’élevant, des cartes marines ; et au dernier niveau, la dentelle, dont Calais fut l’un des grands centres de production.
Pourquoi un choix 100 % béton ?
À partir de cette idée du cairn, il nous semblait important de n’utiliser qu’un seul matériau.
Il est clair que, dans ce milieu extrêmement agressif, la question de la pérennité a joué dans notre choix : il fallait éviter les éléments métalliques, qui s’oxydent très vite, ou de bardage, en raison du vent… Un béton, de couleur blanc, a donc été retenu.
Selon sa situation dans l’ouvrage, il est soit coulé en place (les trois premiers niveaux), soit préfabriqué (tout le reste de l’ouvrage, dont le noyau central).
Les cartes marines ont été réalisées à partir de sablage et de baguettes pour les bas-reliefs, tandis que la dentelle, au niveau de la vigie, repose sur du béton préfabriqué matricé, avec des éléments très profonds.
La formulation et la mise en œuvre du béton ont-elles été compliquées ?
La difficulté majeure a été de trouver une homogénéité dans la couleur du béton, entre ce qui était coulé en place et ce qui était préfabriqué. Il a fallu faire de nombreux tests et échantillons, ainsi que des prototypes pour les panneaux préfabriqués sablés et la dentelle.
Bien que la capitainerie ne soit pas encore en service, avez-vous déjà eu des retours des futurs usagers ?
Après vingt mois de chantier, la capitainerie a été livrée en février 2023, et devrait être inaugurée à la rentrée. Nous avons eu des retours satisfaisants au moment des tests, qui ont notamment démontré que la vigie fonctionnait parfaitement.
Pour qu’elle soit bien dimensionnée, avec une vision à 360°, et protège de l’éblouissement, nous avons travaillé avec un ergonome spécialisé dans ce type d’ouvrage.