Situé dans la banlieue de Grenoble, à Saint-Martin d’Hères, et entouré de massifs montagneux, le bâtiment qui accueillera bientôt les Archives départementales de l’Isère (ADI) joue la carte de l’effet miroir.
« Avec ses quatre monolithes en béton matricé dont la tonalité rappelle les roches calcaires des montagnes et leurs veines d’ocre jaune-orangé, la construction évoque l’histoire naturelle du territoire, explique Jacques Gelez, l’un des deux associés de l’agence D3 Architectes, en charge du projet avec les Grenoblois CR&ON. Nous avons réalisé en collaboration avec Vicat deux prototypes pour obtenir exactement la couleur que nous souhaitions. La texture a également été travaillée avec un jeu de matrices qui reprend les fragmentations horizontales. »
Ces différentes strates de la paroi extérieure ont été coulées sur place.
Le béton : un choix esthétique et thermique
Si l’imposant édifice frappe d’abord par sa minéralité, la nature n’est pas absente du projet. Et là encore, l’idée est de faire écho au contexte environnant.
« Les quatre monolithes sont posés en équilibre sur une casquette végétale qui les décolle par un joint creux. Celui-ci recouvre les services de conservation et de traitement des fonds mais aussi les salles de consultation, l’amphithéâtre et les bureaux. Cette composition paysagère renvoie aux grandes pentes herbeuses surplombées par les falaises de l’Isère », note l’architecte.
Mais ce sont bien ces quatre monolithes, dans lesquels seront logés les magasins, qui constituent le geste architectural fort de ces Archives départementales de l’Isère de 16 000 m² représentant 24 millions d’euros d’investissement. Choix esthétique, le béton ici utilisé constitue également une réponse à des conditions climatiques particulières.
« L’Isère, c’est un delta de températures entre l’hiver et l’été qui peut aller jusqu’à 70 degrés. Or, pour conserver des archives papier, la contrainte est de ne pas avoir plus de 1 degré de différence entre le jour et la nuit et pas plus de 2 d’une semaine à l’autre. Par contre, il est toléré de descendre à 16 degrés et de monter jusqu’à 23. »
Pour résoudre cette difficile équation, D3 a choisi d’utiliser le concept du « thermos » dont elle est à l’origine.
« Les monolithes sont recouverts d’une triple peau avec une paroi extérieure en béton de parement, des murs préfabriqués et, entre les deux, un isolant en polyéthylène. Suit une galerie technique de 90 centimètres dont l’atmosphère est traitée sur le plan thermique et de l’humidité, puis un voile de béton apparent pour fermer les magasins. Si ces derniers sont traités pour réguler la température de l’air, la masse du béton va également avoir un effet d’inertie thermique et servir de radiateur chaud-froid. D’où des installations techniques moins importantes et des dépenses énergétiques diminuées. »
Dernière prouesse technique pour Jacques Gelez : « Le plancher des magasins sera constitués de dalles alvéolaires préfabriquées capables de supporter 1 300 kg/m², ce qui constitue une surcharge d’exploitation très importante. »