Pouvez-vous nous rappeler la vocation de l’École Française du Béton ?
Sandrine Mansoutre : L’École Française du béton est une Fondation d’entreprises qui soutient et valorise toute démarche améliorant la connaissance et l’utilisation du béton. Nos missions sont notamment de mieux faire connaitre les métiers de la construction auprès des jeunes et des enseignants, et de valoriser les travaux de recherche et d’innovation du secteur.
C’est à ce titre que nous avons profité du dernier Symposium international de doctorat de la Fédération Internationale du Béton, pour distinguer deux thèses de doctorat portant sur l’innovation technologique et la transition écologique.
En quoi consiste le projet de thèse innovation technologique que vous avez récompensé ?
Sandrine Mansoutre : Le sujet de thèse de doctorat de Minu Lee, étudiant en troisième année à l’ETH de Zürich, porte sur la « Déformation des tirants en béton armé de textiles tissés ».
Dans ses travaux, menés en collaboration avec des chercheurs en architecture, en science des matériaux et en robotique, Minu Lee s’est attaché à utiliser des textiles tricotés pour remplacer ou compléter les traditionnelles armatures du béton.
L’idée est de créer une machine à tricoter une maille de renforcement du béton, dont le point de tricot est défini en fonction des propriétés mécaniques de l’ouvrage, et dont le choix de la fibre — textile, carbone, végétal — répond aux fonctionnalités recherchées.
Pourquoi avez-vous choisi ce projet et quelles applications pourraient être envisagées ?
Sandrine Mansoutre : L’emploi d’un matériau de renforcement alternatif à l’acier est une véritable innovation et ouvre de nouvelles perspectives pour le secteur de la construction. La combinaison du maillage textile, par exemple avec du béton fibré à haute résistance, peut avoir un réel intérêt dans des structures à géométrie complexe, utilisant des coffrages flexibles.
Cela présente des avantages en termes d’allégement et de non oxydabilité des matériaux, mais aussi de mise en œuvre, en sécurisant le chantier, en accélérant la construction et en réduisant les coûts, tout en permettant une plus grande liberté des formes au plan esthétique.
On peut aussi imaginer l’utilisation d’une maille conductrice de chaleur, d’électricité, d’informations…
Comment voyez-vous le matériau béton évoluer et avec quels atouts ?
Sandrine Mansoutre : Le béton est un matériau de construction, créé par l’homme pour l’homme, qui s’adapte à ses nouveaux usages.
Résistant, malléable et durable, le béton offre une infinité de possibilités dans la construction en devenant intelligent, connecté, et communicant, quand il intègre des capteurs, des circuits ou de la donnée.
C’est aussi un matériau recyclable qui est de mieux en mieux recyclé et qui peut intégrer des composants biosourcés ou naturels comme le chanvre. Avec l’impression 3D ou encore le BFUP, c’est un matériau d’avenir aux performances tout à fait exceptionnelles.
Comment sensibilisez-vous les futurs ingénieurs à ces atouts ?
Sandrine Mansoutre : Tout l’enjeu est de leur montrer, ainsi qu’à leurs enseignants, comment le béton travaille à améliorer sa durabilité, dans le cadre de la transition écologique en cours, et ses fonctionnalités, en étant toujours plus connecté et innovant.
Les jeunes sont attentifs à ces notions et ça leur plait d’imaginer pouvoir faire avancer les choses.