Qu’avez-vous pensé des projets en compétition ?
Amina Sellali : J’ai tout d’abord été agréablement surprise par la diversité des programmes, composés aussi bien d’équipements que de logements. Mais j’ai surtout été frappée par l’intérêt porté aux sites existants, à leur histoire, leur valeur patrimoniale. Les différents projets cherchaient, en effet, à s’intégrer à leur environnement, à l’espace public, aux paysages. Cela signifie que les étudiants sont aujourd’hui pleinement conscients que leurs interventions prennent place dans un contexte environnemental en pleine mutation, et qu’il leur apparaît préférable de travailler à partir de ce qui est déjà là. Tous l’intègrent dans leur réflexion, ce qui dénote une grande maturité.
Sur quels critères avez-vous départagé les projets ?
Amina Sellali :Outre la créativité des étudiants, le jury s’est bien évidemment attaché à la façon dont ils justifient l’usage du béton, plutôt qu’un autre matériau. La complexité des sujets a également été prise en considération. Le projet imaginé autour du barrage de Vezins est un bel exemple de prise de risque. Il nous montre ce qu’il aurait été possible de faire à partir de cet ouvrage, aujourd’hui disparu. Cela a beaucoup marqué le jury, qui lui a décerné le 1er prix PFE.
Quel est le point commun entre les projets primés ?
Amina Sellali :Ce sont tous des projets ancrés dans le réel, mais qui n’en comportent pas moins une part de rêve. Tous cherchent à redonner vie à des ouvrages abandonnés, voire disparus. Le 1er prix a démontré que le barrage de Vezins aurait pu avoir d’autres usages. Le projet de reconversion de la centrale thermique de Charleroi, qui a reçu le 2e prix PFE, prend le parti de conserver une tour de refroidissement, témoin d’un passé industriel. Quant au 3e prix PFE, le projet de maison de santé augmentée à Manchester, il a vocation à redonner sa dignité à un quartier défavorisé. Enfin, les maquettes du prix Studio imaginent une tour répondant à la problématique du logement des grandes villes.
Qu’est-ce que ces projets nous disent de l’architecture de demain ?
Amina Sellali :Les étudiants en école d’architecture sont formés pour construire dans un contexte de changement climatique, de transition énergétique et de raréfaction des ressources. Autant de contraintes qu’ils doivent intégrer, sans pour autant renoncer à la belle architecture. Ils y arrivent parfaitement, comme le prouvent les projets de cette 9e édition du Trophée béton Écoles. Tout cela est très encourageant pour la suite.
Comment le béton accompagne-t-il ces changements environnementaux ?
Le béton se réinvente. Grâce à la recarbonatation, par exemple, on obtient des bétons dont l’empreinte carbone est limitée, tandis que l’utilisation de fibres renforce leur résistance et leur plasticité. Toutes ces innovations rendent le béton responsable. C’est d’autant plus intéressant que les interventions sur des paysages marqués par des ouvrages en béton se multiplient.
Le palmarès du Trophée béton Écoles 2020-2021
1er PRIX
Arthur Dalloni
Habiter un ouvrage d’art – Patrimoine en béton, matière à réflexion
ENSAIS Strasbourg, sous la direction d’Alexandre Grutter
2e PRIX
Yannick Surmely et Olena Dziuba
Réhabilitation d’une centrale thermique au charbon à Charleroi, Belgique
ENSA Strasbourg, sous la direction de Dominique Coulon
3e PRIX
Tanguy Guyot
Maison de santé augmentée
ENSA Clermont-Ferrand, sous la direction d’Éric Davi
PRIX – Studio
Myriem Rhmari Tlemcani, Gyuhyeon Choi et Yongki Sunarta
La Tour Dallée
ENSA Paris-Malaquais, sous la direction d’Olivier Ottevaere