Vous avez conçu le Groupe scolaire Gustave Eiffel de Clichy-la-Garenne. Comment abordez-vous ce type de projets, en général, et celui-ci en particulier ?
Gilles Delalex : Un établissement scolaire doit être à la fois ouvert sur son quartier et fermé pour des questions de sécurité. Ce paradoxe, nous l’avons exploité en travaillant sur le site de l’école Gustave Eiffel, enclavé entre un mur de soutènement et un parc surplombant le terrain.
Comme il fallait creuser le sol et s’adapter au dénivelé, nous avons imaginé une citadelle en gradins, avec, en bas, la maternelle et sa cour ceinturée par les salles de classe ; en haut, l’école primaire, le restaurant scolaire et son jardin pédagogique.
Jean de Giacinto : Cette continuité avec le parc des Impressionnistes, nous l’avons souhaitée dès le départ, en créant un niveau supérieur végétalisé ouvert sur son environnement, tandis que le socle abritant les classes et les cours de récréation, est plus fermée.
La vocation pédagogique du lieu, tant au niveau du bâtiment que du jardin, nous a aussi semblé importante.
Quels ont été vos partis pris architecturaux ?
J.de G. : Pour créer un dialogue avec le parc urbain environnant, nous avons imaginé une toiture, semi-végétalisée et partiellement accessible, venant enserrer les deux patios abritant les cours de récréation.
Cette organisation devait assurer l’intimité des enfants tout en leur donnant une vue panoramique sur la ville. Nous voulions aussi une structure belle et robuste qui marque l’identité du lieu en mêlant subtilement le béton, le métal et le bois.
G.D. : Dans la logique de la citadelle, nous avons conçu un “chemin de ronde“ autour des patios. Ces circulations périphériques avec une façade vitrée distribuent l’ensemble des fonctions scolaires et servent de lieux de vie.
Le confort thermique, avec les verrières isolantes et la toiture engazonnée, ainsi que le confort acoustique grâce aux cloisonnements intérieurs en bois, ont également été privilégiés.
Quel usage avez-vous fait du béton pour ce projet ?
J.de G. : Le béton s’est avéré le matériau le mieux adapté pour ancrer le bâtiment au sol, distribuer les espaces et supporter les charges, au niveau de la structure, des dalles, des escaliers et de la toiture.
Nous avons ainsi dessiné un exosquelette de béton constitué d’une soixantaine de portiques à géométrie variable. Élément structurel et architectural majeur de l’édifice, le béton devait être brut et les réseaux, apparents, pour devenir un outil pédagogique sur la manière dont fonctionne un bâtiment.
De manière générale, que vous apporte le béton dans vos projets ?
G.D. : Par ses qualités structurelles, plastiques et esthétiques, le béton offre de multiples possibilités de la plus grande massivité à l’extrême légèreté. Naturellement robuste et résistant, il nous sert souvent de socle.
Également très malléable, il peut être creusé ou travaillé pour devenir un élément plastique à part entière.
J.de G. : Le béton a su évoluer pour s’adapter à tous les projets d’architecture contemporaine. Armé, fibré, brut, coloré ou matricé, c’est un matériau minéral facile à travailler que nous utilisons pour façonner des volumes et des espaces atypiques qui ont une vraie identité.