Parallélépipède en béton
Gérée par une association de bénévoles, l’ancien cinéma mono-écran de Feurs, dans la Loire, a été remplacé, début 2020, par un nouvel établissement de deux salles. Installé dans un parc à l’extérieur du centre, il se distingue par sa teinte anthracite et son hall transparent.
Ce parallélépipède en béton, d’une dizaine de mètres de haut et d’une quarantaine de long, comporte deux salles séparées par une cabine de projection commune. En s’approchant, on s’aperçoit que l’une des salles est comme suspendue.
« Nous avons voulu faire de ce cinéma un lieu facilement identifiable, reprenant les codes du cinéma urbain avec une grande vitrine pour les affiches et un hall d’entrée ouvert et visible de loin », explique Jérôme Glairoux, associé co-gérant du cabinet Link Architectes.
Libérer les espaces
Conçu comme un porche en référence aux anciens cinémas, le hall d’accueil entièrement vitré ne dispose d’aucun pilier de soutien. La plus petite des deux salles de 90 sièges a été construite en porte-à-faux au-dessus, tandis que la grande salle de 190 places est solidement ancrée dans le haut de la pente.
« Le recours à la structure béton nous a permis de libérer au maximum les espaces, tant au niveau du hall que des salles, et de réaliser un bâtiment composé de trois boîtes – deux salles pour les spectateurs et une salle de projection — en parfaite adéquation avec son usage, poursuit Jérôme Glairoux. Facile à mettre en œuvre, le béton était aussi approprié à l’habillage acoustique et technique des salles. »
Pour les façades, des voiles de béton de 9,75 m ont été coulés en une seule fois, sans reprise de coffrage horizontal, simplement contenues par la dalle de toiture.
Béton coloré
Ce qui distingue aussi ce cinéma, c’est sa teinte anthracite.
« La matérialité uniforme et sombre du bâtiment renvoie, à la fois, à l’obscurité de la salle et à la machine qui produit les images », précise Jérôme Glairoux. Cet effet est accentué par le puit de lumière en façade, qui fait penser à un viseur de caméra.
Ce béton coloré a été obtenu à l’issue d’un long processus de formulation entre le bureau d’études, le fournisseur de pigments et l’entreprise de maçonnerie, afin de déterminer la viscosité et la texture adéquates.
« L’objectif était de garder le matériau brut visible sans ajouter de peinture ni de bardage ».
Apparent du sol au plafond, à l’intérieur du hall et dans les escaliers, il crée une ambiance particulière qui fait progressivement immerger les spectateurs dans l’obscurité des deux salles.
« Une prouesse architecturale et une solution durable »
« Pour notre nouveau cinéma, nous souhaitions un bâtiment sobre et fonctionnel, qui se distingue et soit économique à l’usage. Le projet de “boites noires” qui nous a été présenté nous a immédiatement séduits par sa conception et son originalité. Cette structure en béton teinté dans la masse est à la fois une prouesse architecturale par son porte-à-faux au niveau du hall et une solution durable.
Elle ne nécessite pas de bardage ou de crépi à refaire en extérieur ni de doublage à mettre en œuvre à l’intérieur, ce qui réduit son entretien. C’est surtout un cinéma original qui ne ressemble à aucun autre ! »
Michel Peyrard, Président de l’association Ciné Feurs
• Batiserf (bureau études structure)
• CM economiste (économie de la construction)
• Ingénium ( études fluides et thermiques)
• Génie acoustique ( études acoustiques)
• François Tourne ingénierie (études scénographiques)