À l’opposé des multiplexes en tôle et aux formes neutres qui fleurissent dans les zones commerciales, l’Arcadia prolonge la tradition des flamboyants cinémas urbains des années 1920 et 30.
La Communauté de communes de Riom Limagne Volcans (Puy-de-Dôme), le commanditaire de ce complexe de trois salles, a en effet décidé de situer l’Arcadia à la frontière du centre médiéval de Riom, au sein d’un pôle baptisé « Les Jardins de la culture ».
Nommé au prix AMO 2019 (catégorie « Meilleur catalyseur urbain »), cet ensemble comporte également une médiathèque ainsi que des écoles municipales de musique et d’arts plastiques hébergées dans l’ancien couvent des Redemptoristines, auquel le cinéma fait face.
Pour marquer le caractère atypique de l’édifice et mieux s’insérer dans cette zone patrimoniale, les concepteurs de l’Arcadia ont imaginé une série d’arches en façade qui rompt l’unité de ce bloc long de 30 mètres.
« Nous avons voulu réinterpréter le vocabulaire architectural existant dans le centre de Riom, que l’on retrouve aussi dans la forme des fenêtres du couvent, indique Moise Boucherie, architecte associé de l’agence Tracks. Ces arches perforées créent de surcroit une coursive de grande dimension qui protège du soleil et, grâce à des luminaires placés au-dessus du hall, provoque une sensation de boite lumineuse, clin d’œil aux cinémas d’antan aux États-Unis. »
Béton gris clair ou sombre
L’Arcadia étant tout proche d’habitations, l’option béton s’est imposé naturellement. « Lorsqu’ils sont situés en ville, les cinémas sont très souvent construits dans ce matériau en raison de ses qualités d’inertie acoustique et thermique », note Moise Boucherie.
Le choix pour le bâtiment principal d’un béton gris très clair, grâce à un sable de cette même couleur, vise à frapper les esprits.
« C’est un édifice public culturel qui possède une dimension symbolique. Cette mono-matière à l’identité très forte nous permet de dialoguer avec l’environnement historique. Riom est une ville extrêmement minérale, construite à partir de pierre de Volvic, noire et volcanique, explique l’architecte du projet. La façade en arches est constituée d’éléments préfabriqués. La mise en œuvre a été faite au millimètre pour caler les éléments au sol, puis les mettre à la verticale les uns à côtes des autres. Lorsque le béton est coulé sur place, une disparité chromique est possible. Là, nous étions sûrs de la teinte et de l’aspect. »
Abritant deux des trois salles de cinéma, le bâtiment adjacent est cette fois fait d’un béton sombre.
« Il est teinté dans la masse via des colorants. Dans un souci environnemental, nous avons utilisé des agrégats d’un bout du mur d’enceinte démoli. À la base du bâtiment a été projeté du sable et de la grenaille à forte pression pour faire ressortir les agrégats de la pierre de Volvic. »
Béton quartzé
L’intérieur de l’Arcadia est une autre illustration de la diversité d’utilisation du béton. « La chappe au sol du hall et des couloirs est un béton quartzé. Une fois la dalle coulée, on vient saupoudrer cette matière minérale et une machine, surnommé l’hélicoptère, vient lisser complètement la surface, explique Moise Boucherie. Les murs intérieurs sont également constitués d’un béton gris coulé dans des banches pour permettre des finitions lisses et brutes. »
Le cinéma, à la programmation très large (Art & essais, retransmissions d’opéras, dessins animés, blockbusters…), bénéficie de la technologie dernier cri (Projection 4K laser, technologie son Atmos…).
Il compte trois salles, dont une de 300 places avec un écran de 18 mètres sur 7. L’Arcadia a été récompensé en 2019 par le Grand prix de la salle innovante, décerné par le CNC.