Comment avez-vous abordé la demande de la RIVP de créer des logements sociaux, boulevard Poniatowski ?
La géométrie de la parcelle concernée était assez complexe : elle était en forme de triangle, avec une surface au sol restreinte, d’environ 170 m2.
À cet endroit, se trouvaient deux bars avec des petits immeubles au dessus. Quand la RIVP nous a demandé de concevoir une opération de logements sociaux avec un commerce en rez-de-chaussée, nous nous sommes demandé : qu’est qu’un immeuble Parisien ? Comment nous inscrire dans la continuité de ce boulevard, issu du tissu haussmannien, tout en ayant une approche contemporaine ?
Quels ont été vos partis pris ?
Pour créer un lien avec les bâtiments mitoyens, et établir ainsi une continuité architecturale, il nous est apparu évident qu’il fallait travailler l’aspect minéral. Nous nous sommes alors tournés vers le béton, dont l’une des caractéristiques est d’être un matériau coulé que l’on peut facilement mouler. C’est cette faculté qui nous a permis de retrouver les éléments d’ornementation des bâtiments voisins.
Comment avez-vous procédé ?
Comme nous ne voulions pas le faire de façon littérale, nous nous sommes inspirés de travaux d’artistes comme Idris Khan, dont les superpositions de photographies aboutissent à des expressions très vibrantes.
Sur ce principe-là, nous avons reconstitué un motif reprenant les codes des façades voisines, et avons opéré des jeux de superposition sur la façade de l’immeuble.
De loin, ces dessins expriment une vibration, et plus on se rapproche, plus on arrive à discerner les motifs, c’est-à-dire les éléments de modénatures et d’ornementations des constructions voisines. Notre bâtiment tire de cette juxtaposition son propre ornement. C’est ce qui fait à la fois le lien avec les autres immeubles et sa personnalité.
Quels défis avez-vous dû relever pour mettre en œuvre ce béton matricé ?
Pour des questions budgétaires, nous avons opté pour du béton préfabriqué. Afin d’obtenir une façade à l’aspect monolithique, nous avons travaillé sur les motifs pour gommer l’effet de panneautage, ainsi que sur les teintes et les matrices. Chaque dessin, chaque superposition a une forme de gravure qui lui est propre.
De la même manière, nous avons orienté les pans de façon à ce qu’il n’y ait pas de stagnation d’eau dans les bas reliefs.
Sur le volet de l’habitat social, quelle a été votre approche ?
Nous nous étions fixés comme objectif d’éclairer et de pouvoir ventiler naturellement toutes les pièces des appartements. Pour cela, nous avons opéré des retraits, et avons travaillé sur des matérialités réfléchissantes, comme la céramique vernissée, pour apporter du reflet, de la profondeur.
Sur la courette arrière, les finitions du mur béton sont très claires, pour capter le plus possible la lumière. Tout cela nous a permis d’apporter des solutions acceptables pour les voisins, qui passaient de petits immeubles à un R+9.
Le programme est aujourd’hui habité. Qu’en pensent les résidents ?
Les retours sont positifs. Les logements sont confortables, et offrent à leurs occupants une grande perspective sur la porte Dorée. Quant aux voisins, ils se disent contents du traitement sur la façade.