À l’origine, cela devait être une agence d’architecture, celle de « Marret & Fernandez » qui a finalement imaginé ce drôle de bâtiment pour un autre.
« C’est un cabinet dentaire déjà installé dans le quartier qui a saisi l’occasion et nous a fait confiance », explique Pascal Marret. Ainsi est né ce local professionnel, dont l’originalité première est de se situer sur une minuscule parcelle de la zone franche urbaine de Mourepiane, à Marseille.
« C’est un “résidu” d’une infrastructure routière nouvelle né à la suite de la création d’un rond-point. D’un côté, vous avez le Port autonome avec ses palissades, de l’autre la voie nouvelle André Roussin qui mène au centre commercial Grand Littoral. À la fin des travaux, il restait ce triangle de 162 m² de surface au sol, dont la plus grande profondeur ne fait que neuf mètres. Un promoteur ou même un particulier ne pouvait en faire grand-chose. Cela a été le travail de l’architecte de l’exploiter au maximum de ses capacités au regard de ce qui est autorisé par le règlement d’urbanisme », estime l’architecte.
Une prouesse technique grâce au béton
Inspiré notamment de ce qui se fait au Japon et de l’obligation faite par les autorités de recourir à un vocabulaire d’architecture navale, Marret &Fernandez ont réussi la prouesse de concevoir un bâtiment qui s’étend sur 40 m² au sol et deux étages, totalisant 200 m² de surface plancher.
« Nous avons développé de la surface constructible dans la pointe du triangle sans justement lui donner cette forme. » Composé de trois lames de béton imbriquées, le projet a été baptisé “La feuille de béton” car il semble comme en lévitation, adossé qu’il est à une dorsale de béton de huit mètres de haut sur lequel se greffe des petits volumes de même nature.
« À l’intérieur, les pièces ne sont pas étroites. Le tour de magie a été de prendre les plus grandes largeurs pour y mettre les salles de chirurgie. Les parties les plus étroites servent aux circulations verticales. Ainsi, au rez-de-chaussée, la lame au nord est l’extension de la salle de soins, qui se transforme ensuite en partie bureau. Dans la lame centrale se développe l’accueil avec l’escalier. La salle d’attente est installée dans la lame sud. »
Pour lutter contre l’impression d’étroitesse, les architectes ont joué un maximum de vues et la lumière avec des parois vitrées qui permettent notamment d’avoir un hall d’accueil traversant.
Les atouts du matériau béton
Le choix a aussi été fait de donner à ce projet un aspect formel qui tend vers la sculpture.
« L’idée était d’en faire un objet monolithique repérable de la rue », explique Pascal Marret. Les architectes ont choisi de refléter ce parti-pris par l’aspect minéral du béton, même si ce n’est pas la seule raison du choix de ce matériau.
« La nouvelle voie est constituée de remblais et le bon sol se situe à 16 mètres. Il fallait donc aller le chercher avec un radier de fondation. Le béton brut lisse coulé en place a ensuite permis de bien calibrer les épaisseurs de plancher, l’objectif étant d’affirmer les éléments en porte à faux sans faire apparaître des éléments techniques de type « retombées de poutre. Enfin, le béton offre un sentiment de sécurité qui permet de s’insérer dans un milieu où le gigantisme prévaut avec des portes-container, des bateaux de croisière et un trafic routier proche », note Pascal Marret.
Afin d’assurer une continuité entre l’extérieur et l’intérieur, un béton brut quartzé a été utilisé pour la dalle, le plafond et la paroi centrale du hall d’accueil, un escalier suspendu en chêne et du métal pour les éléments de ferronnerie venant seul briser cette unité.