Comment, à l’intérieur d’un quartier entièrement neuf, donner une identité à un ensemble immobilier entouré de programmes similaires quand l’aménageur, en l’occurrence Nantes Métropole Aménagement et la Société d’Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique), en a très précisément fixé les éléments constitutifs (gabarit des bâtiments, pourcentage de logements, bureaux et activités…) ?
Tel est le défi auquel a répondu la jeune agence parisienne Hardel Le Bihan Architectes, qui depuis quelques années travaillent également à des programmes en régions, notamment à Lyon et Bordeaux.
« Le programme était très encadré. Pour l’architecture, nous avons cherché à offrir une lecture variée dans un ensemble cohérent et harmonieux. Si les îlots répondent à des principes directeurs similaires, avec des émergences à R+10 ou R+11, ils ne se ressemblent pas », explique l’architecte en charge du projet.
Un jardin métropolitain
Situé le long d’anciennes friches ferroviaires, qui seront prochainement transformées en parc, le programme dessine un U accueillant un jardin en cœur d’îlot. Les deux niveaux de bureaux situés au rez-de-chaussée s’ouvrent sur ce jardin d’agrément accessible à tous les utilisateurs.
En arpentant la sente piétonne accessible de jour (qui relie le Boulevard de la Prairie au Duc et celui de l’Estuaire), les passants ont eux aussi vue sur ce jardin attractif grâce à la transparence du rez-de-chaussée d’activités. « Les volumes sont imbriqués. Certains espaces sont partagés, tel que le jardin potager sur le toit », explique l’architecte.
Béton matricé lasuré
Pour poursuivre ce travail de singularisation, les façades des trois immeubles – un de logements sociaux, deux en accession – ont fait l’objet d’un traitement spécifique pour être clairement identifiées.
« Sur le boulevard, la façade de l’immeuble de logement social est en béton matricé lasuré. Les deux immeubles de logements en accession sont en béton brut lasuré, mais dotés de balcons préfabriqués avec vue sur les chantiers navals et les bords de Loire. L’une des émergences est dotée de balcons très fins, posés sur de petites consoles rectangulaires qui font écho au rythme des poteaux du rez-de-chaussée. L’autre est pourvue de balcons en voûtes catalanes, signature du projet. »
Côté teinte, la lasure s’applique comme une peinture : le produit de base est transparent. Il peut être ensuite pigmenté, même s’il est ici en blanc.
« Elle n’est pas couvrante comme la peinture, laisse voir le matériau, son grain, ce qui rend le béton plus « vivant ». De plus, la lasure est hydrofuge, protège de la pluie, du ruissellement et évite la formation de mousse sur les corniches… ce qui n’est pas inutile ici à Nantes. »