Attente et contemplation, à marée haute
L’île de Noirmoutier est reliée au continent par le passage du Gois, une route submersible. Valentin Bethuys a imaginé faire vivre ce lieu différemment lorsque la traversée n’y est plus possible.
Comment ? En créant un dialogue entre deux portes implantées de part et d’autre du passage, et en proposant ainsi au public un lieu d’attente et de contemplation, à marée haute.
L’architecte a donc imaginé deux édifices se faisant face : « Sur le continent, le site établit un rapport à l’horizon, à l’infini, il vous transforme en habitant du dernier bout de terre du continent. Il fallait une vision radicale. Voilà pourquoi les deux plans horizontaux de l’édifice semblent en lévitation et ramènent le regard vers l’horizon. »
Sur l’île, le projet inclut un traitement paysager avec des places de stationnement dont les murs de béton cachent la mer et redirigent le regard vers l’île.
Côté continent, le béton a été employé sous trois formes différentes : désactivé avec des granulats en surface pour le socle de l’édifice, « afin d’assurer à la fois une bonne résistance à l’environnement marin et une bonne prise pour la marche » ; brut de décoffrage pour les deux plans horizontaux, « afin d’engager un dialogue avec l’authenticité du site » ; enfin, lissé en sous-face du premier étage, « afin de capter les reflets de l’eau qui envahit le rez-de-chaussée lorsque la marée monte ».
Un supplément d’âme pour les espaces commerciaux
Comment transformer en lieu de vie et de culture, l’espace commercial de Rocourt, au Nord de Liège ?
Mathilde Falcon et Salomé Torossian ont proposé de créer des scènes musicales (ainsi que des logements temporaires pour les artistes et des locaux de création musicale), à la lisière d’un supermarché et d’un ancien terril.
« Nous avons métamorphosé le terril en parc à l’échelle du quartier, explique Mathilde Falcon. L’architecture des scènes musicales sert à magnifier ce parc, que ce soit à travers le monolithe en béton, le parking silo ou l’esplanade qui y mène. Nous voulions remettre le piéton au centre du projet, là où aujourd’hui règne la voiture. »
Les nouvelles constructions tranchent avec les édifices déjà présents, en tôle, grâce à un béton teinté dans la masse proposant une couleur sombre, proche du noir, et un aspect lisse.
« Le béton joue aussi un rôle plus technique dans les espaces de représentation dédiés aux scènes musicales, explique Mathilde Falcon. Il a été très utile en raison de ses performances acoustiques. »
Une nappe de logements, à patio, superposés pour un collectif innovant
À Casablanca, Ihssane Chehab a développé une nouvelle typologie d’habitat, entre le collectif dense et l’individuel, qui allie modularité, mitoyenneté verticale et sociabilité horizontale.
« Je suis partie d’une trame de 8 m sur 8 m pour développer une architecture combinatoire qui aboutit à une nappe proliférante, explique l’architecte. J’ai cherché à introduire l’inattendu, la découverte, la diversité et la complexité dans l’organisation des logements. Grâce à un système de gradins, chaque habitation dispose toujours d’un extérieur orienté vers un espace vert, que ce soit un square, une allée plantée ou le parc situé en bordure du secteur d’intervention. »
L’intimité au niveau de ces espaces extérieurs est préservée grâce à un jeu de volumes, ainsi qu’à de larges jardinières qui empêchent le débordement sur l’espace privée du voisin.
« Dans ce projet, j’ai retravaillé la compacité en explorant le modèle de la médina et en revisitant l’habitat intermédiaire. En ce sens, le modèle compact garantit une économie d’énergie puisqu’il génère de l’ombre sur lui-même, permettant ainsi d’obtenir un confort grâce aux moyens architecturaux, sans recours à des moyens mécanisés extérieurs. »
Le béton constitue un atout clé dans ce projet, notamment grâce à sa haute résistance à la compression, à sa malléabilité et à son élasticité.
« Nous avons essayé de combiner les vertus structurelles et esthétiques du béton, afin de créer un quartier d’habitat né d’une adjonction de cellules et offrant une réelle qualité du cadre de vie », résume Ihssane Chehab.
Les lauréats de l’édition 2018-2019
Organisé depuis 2012 par l’association Bétocib, le Centre d’information sur le ciment et ses applications (Cimbéton) et la Fondation École Française du béton, sous le patronage du ministère de la Culture, le Trophée béton Écoles a pour mission de mettre en lumière les jeunes talents des écoles d’architecture françaises. Il a pour but de révéler les futurs professionnels, de les parrainer et de leur offrir une visibilité à l’orée de leur vie professionnelle. L’édition 2019, après avoir sélectionné dix finalistes, a récompensé quatre projets et attribué une mention spéciale :
1er PRIX
Aline Cousot & Enzo Sessini – “La ville cryptée : les sous-sols de la Place d’Italie Paris XIIIe”– ENSA Strasbourg.
Sous la direction de Dominique Coulon, Didier Laroche et Thomas Walter
2e PRIX
Sabine Frémiot – “La Tour Carrée”, Francfort (Allemagne) – ENSA Marne-la-Vallée
Sous la direction d’Eric Lapierre
3e PRIX
Pierre Ide, Arthur Bila, César Delebarre-Debay, Thibault Deschatre – “Le Parc des Terrils”, Vallée Mosane, Liège (Belgique)– ENSA Clermont-Ferrand
Sous la direction de Simon Teyssou et Olivier Malcles
4e PRIX
Steve Meyer – “Blackfriars Station”, un pôle d’échanges multimodal au cœur de Londres – INSA Strasbourg
Sous la direction de Hugues Klein
MENTION SPÉCIALE
Simon Martin – “Les silos de Mouy”, vallée de Thérain (Oise) – ENSA de Normandie
Sous la direction d’Hervé Rattez et Laurent Sfar