Avec son emprise au sol de 17 m2 seulement, l’annexe de l’Atelier des Beaux-Arts Glacière a de quoi surprendre. Quelle a été la genèse de ce projet ?
Bien Urbain : Cet édifice s’inscrit dans le programme « Aire de Rien », porté par la Ville de Paris, visant à valoriser des espaces délaissés. Le lieu, situé 105 rue de la Glacière – non loin de l’Atelier Beaux-Arts -, était un petit espace sur cour coincé entre deux grands immeubles. L’atelier ne disposant pas de visibilité sur la rue, il a été décidé d’en faire une vitrine destinée à recevoir des œuvres de ses élèves.
Comme la surface au sol à valoriser n’était que de 17m2, nous l’avons utilisée au mieux en la concevant comme une boîte avec deux façades vitrées, l’une sur la rue, l’autre sur la cour. Le projet a été réalisé en co-conception avec le Conseil de quartier et les riverains.
Qu’est-ce qui a guidé votre projet architectural ?
Bien Urbain : Nous avons souhaité réaliser un ouvrage aussi simple que possible, avec un sol, un toit et une grande transparence, pour focaliser les regards des passants sur les œuvres exposées et non sur l’architecture. Afin de renforcer l’appel visuel depuis la rue, nous avons imaginé une toiture en débord servant aussi de casquette brise-soleil.
La façade vitrée sur rue, traitée anti-effraction et anti-tag, est dotée d’une ouverture sur toute sa hauteur pour permettre d’installer les œuvres, tandis que la vitrine sur cour est fixe. Le lieu n’ayant pas vocation à accueillir de visiteurs, l’intérieur est doté d’un système de cimaises amovibles au plafond, de stores électriques et d’un éclairage automatique optimisant la visibilité des œuvres et offrant un maximum de modularité.
En dehors des vitrines, le béton a été largement sollicité. Quels sont ses atouts ?
Bien Urbain : Nous avons conçu cet ouvrage comme une table insérée entre deux murs, constituée de deux dalles, l’une pour le sol, l’autre pour le toit supporté par quatre piliers. Pour réaliser les dalles et les piliers, le béton s’est avéré le matériau le mieux adapté et le plus simple à mettre en œuvre.
Le sol, légèrement décaissé, est un béton poli, lasuré et teinté, tandis que la dalle de toiture, elle aussi coulée en place, a été coffrée avec un moule laissant apparaître des cannelures en façade pour caractériser le bâtiment. Le béton nous a aussi permis de végétaliser la toiture, ce qui est un plus pour la rétention d’eau comme pour le voisinage proche.
Matériau pérenne et massif, le béton, mis en œuvre par une seule entreprise générale de maçonnerie, nous a permis de réaliser cet ouvrage simple et unique, qui s’apparente à un objet d’art mais s’efface devant les œuvres qu’il abrite.