Atelier Martel réalise l’un des lots de Chapelle International. Comment avez-vous fait la différence lors du concours ?
Situé dans le XVIIIe arrondissement de Paris, Chapelle International est un projet de quartier contemporain sur une ancienne enclave ferroviaire de la SNCF. L’enjeu est d’en faire un quartier mixte, mêlant industrie, artisanat, start-up, école, commerces et logements, autour d’un pôle logistique destiné à faciliter la livraison du dernier kilomètre. Avec l’architecte suisse Charles Pictet (mandataire), Atelier Martel a remporté le concours sur le lot F en 2014, pour le compte de la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP).
Ce projet, composé de deux bâtiments pour un seul lot, développe l’idée d’unicité, proposant une tonalité, une matérialité et une technique de façade uniques. Il est en parfaite adéquation et tente de mettre en valeur le projet urbain défini par l’AUC, l’agence d’architecture et d’urbanisme coordinatrice de l’opération.
Votre projet associe bureaux, logements familiaux et foyers pour jeunes travailleurs et migrants. Quelle a été votre approche ?
Pour réunir tous ces usages en une unité de lieu, notre parti pris a été d’amener dans ce quartier mixte les qualités du Paris haussmannien, de jouer sur l’intensité et la qualité des matériaux.
Pour cela, nous avons imaginé deux bâtiments familiers dotés d’une architectonique forte grâce au béton préfabriqué et qui développent chacun un vocabulaire propre ; une tour rationnelle à plan carré de 50 mètres de hauteur, parfaitement posée sur un socle de Soho, et un bâtiment de 37 mètres de hauteur, monolithique et plastique, dont le plan carré des derniers étages crée un sentiment de parenté avec sa voisine.
Vous évoquez les Soho. De quoi s’agit-il ?
Le Soho, pour Small office home office, permet de retrouver l’ambiance urbaine du Paris d’antan, où artisans et commerçants avaient leur boutique en rez-de-chaussée et leur appartement de fonction juste au-dessus. Ce type d’étage intermédiaire apporte une véritable intensité urbaine à ce nouveau quartier. Nous avons été invités à des workshops pendant plusieurs mois avec l’AUC et d’autres architectes pour calibrer ces Soho et assurer la continuité à l’ensemble du quartier.
Vous avez également imaginé un étage collectif. Quelle est sa vocation ?
Lors du concours, la conception du plan d’étage courant nous a permis de libérer deux étages complets dans le gabarit imposé de 50 m.
Notre proposition a été d’y créer une loggia collective en étage, reliant notre projet à celui d’Edouard Albert qui concevait la première tour d’habitation à Paris, rue Croulebarbe, un chef-d’œuvre de l’architecture moderne. Il est prévu que des associations du XVIIIe arrondissement animent cet étage collectif.
Pourquoi avoir fait le choix du béton ?
Le béton nous a permis d’obtenir une intensité très minérale, en travaillant la teinte et l’aspect. Il a aussi offert une qualité de finition parfaite grâce à la préfabrication et à l’empilement régulier des panneaux sandwichs.
Cette technique permet des retours du béton en tableaux, linteaux et appuis de fenêtre, sans ajouts d’éléments de capotage aluminium en façade. Le béton rend le bâtiment très pérenne en l’inscrivant dans une grande tradition constructive. D’une manière générale, c’est un matériau que nous utilisons beaucoup, aussi bien pour des questions d’économies et de durabilité que pour ses capacités d’expression architectonique et plastique.