Pouvez-vous nous rappeler le contexte et les enjeux de la construction de la Tour TIP à Angers ?
En 2017, la Ville d’Angers, très inspirée par le concours Réinventer Paris, a lancé un appel à maîtrise d’ouvrage privée, baptisé « Imagine Angers », visant à faire émerger des projets sur six sites emblématiques.
Pour le quartier en plein développement des Hauts-de-Saint-Aubin sur le Plateau des Capucins, nous avons imaginé un bâtiment singulier, qui soit à la fois un marqueur fort à l’entrée de la ville et un lieu innovant. C’est ce qui a donné naissance à la Tour de l’Innovation de la Proue, un immeuble sentinelle, dominant la nature environnante et la skyline de la ville, destiné à être un lieu de vie pour de jeunes actifs, qui éprouvent souvent des difficultés à se loger.
Quelle a été votre philosophie pour ce projet ?
Pour en faire un repère visuel de référence, la verticalité s’est vite imposée, sans volonté outrancière. Haute de 45 mètres sur 13 étages, la tour, conçue comme un hyper-lieu, accueillera sur près de 10 000 m2 une résidence de 182 logements pour jeunes actifs, des espaces partagés, mais aussi un bar-restaurant et des services propres à créer du lien social et à favoriser le travail à distance ou collectif.
D’un point de vue esthétique, nous avons choisi d’habiller les façades d’une trame aléatoire de béton qui évoque les branches et les racines d’un arbre. Cet exosquelette arborescent, qui peut rappeler l’aspect invasif de la forêt sur les temples d’Angkor, est ici en résonance avec la nature occupant les berges de la Mayenne et de la Maine.
Quelles sont la particularité de cet exosquelette en béton et la complexité de sa mise en œuvre ?
Cette structure, détachée de 30 cm de la façade, est composée de multiples éléments fixés à des connecteurs en inox. Chaque élément de cette double peau, issue de trois moules en forme de I, de K et de X, a été dessiné pour former un ensemble homogène parfaitement ajusté.
Pour apporter un contraste aux façades revêtues d’un enduit métallisé et créer un jeu d’ombre et de lumière, nous avons opté pour un béton blanc autonettoyant contenant des pigments de dioxyde de titane. Sous l’effet du rayonnement solaire, cet adjuvant dégrade les dépôts organiques et les salissures liées à la pollution. La maille devrait ainsi garder sa blancheur immaculée et rester pérenne au fil du temps.
Quant à son assemblage, il s’est fait une fois le bâtiment édifié, grâce à une immense grue venue positionner chaque élément en façade.
Ce bâtiment fait la part belle aux innovations et au béton…
La tour TIP est surtout innovante par sa gestion dynamique de l’énergie et par les technologies mises en œuvre pour rendre le bâtiment “intelligent“. Que ce soit au niveau du chauffage ou de l’eau, tout est fait pour inciter les usagers à réduire leur consommation. Les logements sont équipés de douches connectées, des fontaines permettent d’avoir de l’eau filtrée, les serveurs informatiques servent de radiateurs dans les parties communes, des panneaux solaires sont installés en toiture et le bâtiment est raccordé au réseau de chauffage urbain. Autant d’équipements qui répondent aux attentes éco-responsables de ses occupants !
Conçue autour d’un noyau central, la structure de la tour est, en revanche, assez classique, avec des poteaux-poutres recevant des planchers et des voiles de façades coulés en place. Outre son intérêt en termes de résistance et à d’inertie thermique, le béton nous a permis de réaliser des jardins suspendus au-dessus des parkings.
Le béton est un matériau que vous utilisez souvent. Pourquoi ?
Le béton ne connaît aucune limite dans sa capacité à générer des formes complexes, nouvelles et audacieuses. À la fois structurel et esthétique, il est le meilleur allié des architectures innovantes, notamment pour les grandes infrastructures comme les stades ou les équipements culturels. Composé de matières naturelles pour devenir manufacturé, le béton reste un matériau fascinant, toujours plus sophistiqué et évolué !