540 000 logements à construire
« Paris est aujourd’hui le plus grand chantier d’Europe et l’un des trois plus grands du monde. » Dès l’ouverture de la matinale du Cerib (1), intitulée “Nouveaux quartiers : les atouts des Smart Systèmes en béton”, Philippe Servalli, premier vice-président de la FFB Grand Paris (2) et président du Syndicat des Entrepreneurs de Construction Paris Île-de-France, a tenu à rappeler le contexte régional du secteur BTP.
De fait, les chiffres donnent le tournis. À lui seul, le Grand Paris Express va mobiliser 29 milliards d’euros afin de réaliser quatre nouvelles lignes de métro et de moderniser l’actuel réseau de transports francilien.
« L’impact sur la construction sera gigantesque, puisque 60 % des surfaces bâties près des gares du Grand Paris Express seront consacrées au logement, soit un volume potentiel de 540 000 logements dans 68 quartiers », a précisé Philippe Servalli.
Parier sur le BIM…
Dans de telles conditions, comment réduire les délais tout en préservant la qualité et en anticipant de futures reconversions ?
« Le BIM (3) et les Smart Systèmes en béton sont au cœur de la problématique de la construction en Île-de-France pour les deux prochaines décennies car une révolution des modes constructifs est nécessaire », estime Philippe Servalli.
En Seine-Saint-Denis, sur le territoire de Plaine Commune, la réalité prend déjà forme avec “Rêve de Scènes urbaines”. Ce démonstrateur industriel pour la ville durable va « questionner les modes de conception et de gestion pour réduire la consommation de ressources et les coûts », selon Philippe Servalli.
Terre d’accueil du futur Village Olympique, en 2024, il va lancer des projets innovants qui porteront notamment sur :
• la réversibilité des bâtiments (rappelons qu’après les épreuves sportives, les 17 000 chambres du village des athlètes se transformeront en 5 000 logements),
• l’habitat modulaire en béton et l’industrialisation de l’habitat évolutif reconvertible,
• les toitures végétalisables préfabriquées,
• des modules flottants en béton pour composer des morceaux de nature en ville.
…et les qualités intrinsèques du béton
Par ailleurs, les qualités déjà éprouvées du béton seront des atouts clés dans la construction des nouveaux quartiers, comme l’a souligné Paola Vigano, architecte en charge depuis 2003 de la transformation du quartier La Courrouze, à Rennes. Elle a rappelé les capacités de recyclage de ce matériau, ainsi que sa grande souplesse d’emploi et sa durabilité : « Compte tenu de la durée de vie du béton, il avait toute sa place sur ce projet. »
Concernant l’expérimentation E+C-, qui vise à introduire de nouvelles exigences sur l’efficacité énergétique et les émissions carbone des bâtiments neufs, Nathalie Tchang, présidente de Tribu Énergie, a insisté de son côté sur les gains importants que peuvent offrir les bétons ajustés aux usages.
Élargissant la perspective, Billy Tallec, chargé de mission à la direction de l’innovation du bailleur Les Résidences, a rappelé l’intérêt que présente le béton dans les opérations de destruction/reconstruction in situ.
… pour relever les défis
Comment industrialiser ces nouvelles approches ? La filière a mis en place avec l’appui du Cerib une base de données des produits et systèmes de l’industrie du béton.
« Elle facilite l’intégration des informations utiles dans les maquettes numériques et dans les phases de réalisation », explique Wilfried Pillard, directeur technique de EGF.BTP.
Sur le terrain, à Neuilly-sur-Marne, un projet de recherche a permis d’utiliser le BIM pour la réalisation du gros œuvre de 117 logements : les éléments en béton ont pu être tracés depuis la maquette numérique afin d’obtenir une fabrication “sur mesure”.
De quoi confirmer l’adage que Santiago Rodriguez, délégué régional Île-de-France du Cerib, ne manque jamais de rappeler : « Le béton est le plus ancien des matériaux du futur ! »
(1) Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton
(2) Fédération française du bâtiment Grand Paris
(3) Building Information Modeling