©Thinkstock
Fluidifier les échanges entre les acteurs du bâtiment
Comment permettre à tous les acteurs de la construction de communiquer facilement, avec différents outils, autour d’une maquette numérique ? Grâce à des objets ifc (murs, etc.) porteurs d’informations structurées et à des propriétés harmonisées, clairement définies. « C’est tout l’enjeu du processus de normalisation PPBIM lancé dans le cadre du PTNB, le plan de transition numérique du bâtiment », explique Christian Herreria, président de la commission marché bâtiment de la FIB. En 2015, l’AFNOR a publié une norme encore expérimentale (XP P07-150) avec laquelle les participants du projet PPBIM, piloté par Médiaconstruct, ont défini en 2016, et dans un premier temps, 300 propriétés et 30 objets génériques. Le projet PPBIM se poursuivra en 2017, associé au nouveau projet POBIM de production de propriétés.
Le chemin qui reste à faire…
Mais il reste encore beaucoup de chemin à faire, explique Christian Herreria : « Les maquettes numériques 3D actuelles doivent intégrer davantage d’informations structurées, validées et fiabilisées. »
Les différents outils informatiques existants qui se disent BIM sont encore incomplets sur ce point. Les utilisateurs restent en effet tributaires des choix des éditeurs pour définir et renseigner les “objets”, mais aussi pour assurer les échanges de données avec leurs partenaires.
« Avec un BIM plus abouti, il sera possible d’échanger des données harmonisées entre tous les acteurs de la filière construction, sans se soucier du logiciel utilisé », résume Jean-Marc Potier, chargé de mission technique au SNBPE.
Les trois avantages du BIM
L’intérêt de cette “interopérabilité générale” est triple. D’abord, les entreprises pourront vérifier les métrés de leurs différents lots bien plus facilement, grâce à une maquette 3D correctement structurée et renseignée. Ensuite, et plus globalement, tous les acteurs de la filière construction gagneront en précision et en fiabilité, de même qu’en qualité, pour leurs interventions.
Enfin, les problèmes d’interface sur un chantier pourront être détectés et résolus bien plus tôt : « Il suffira d’examiner la maquette préparée par le plombier pour détecter un éventuel problème d’interface avec les intervenants qui vont le précéder, explique Jean-Marc Potier. Tout le monde aura donc plus de temps pour trouver des solutions au lieu d’être mis au pied du mur au moment de l’exécution. »
Les moteurs de la “BIMisation”
La “BIMisation” sera cependant un voyage au long cours. La construction est en effet un secteur de petites entreprises aux métiers très différents. « Des dizaines de métiers sont impactés, rappelle Jean-Marc Potier. L’un des enjeux du PTNB est de les aider dans cette transition. »
Les moteurs du processus seront les pouvoirs publics – dont les appels d’offres intégreront une dimension BIM dès 2017, les métiers en amont de la maîtrise d’œuvre (architectes, bureaux d’études…), mais aussi les industriels, qui devraient proposer des catalogues de produits “BIM” dès 2018.
Le BIM complet dans quatre ou cinq ans ?
Les professionnels plus proches de l’exécution auront-ils plus de mal à adopter le BIM ? Rien n’est moins sûr, estime Jean-Marc Potier : « Des expériences comme l’Atelier BIM Virtuel (ABV) montrent que les petites entreprises s’adaptent et apprécient le BIM quand elles y ont goûté. »
Reste que le premier bâtiment entièrement BIM n’est pas encore pour demain. Malgré les incertitudes de l’exercice, Jean-Marc Potier se hasarde au pronostic : « Dans 4 ou 5 ans, le BIM sera déjà une réalité. »
Un Atelier Virtuel BIM pour faciliter l’appropriation
L’Atelier Virtuel BIM (AVB) figure parmi les initiatives du PTNB (Plan de transition numérique du bâtiment) pour numériser les bâtiments courants avec des PME/TPE.
De juillet 2016 à avril 2017, une centaine d’acteurs opérationnels, d’organisations professionnelles et d’observateurs “refont” en BIM un projet existant, en l’occurrence un ensemble de 30 logements que l’Union Sociale de l’Habitat gère à La Rochelle depuis 2012.
« Les échanges à partir des modèles numériques fonctionnent, mais il reste à encore mieux organiser les travaux collaboratifs et les échanges en open BIM, et à structurer et fiabiliser les informations », constate Christian Herreria, président de la commission marché bâtiment de la FIB.
Ce retour d’expérience donnera lieu, début avril, à un dossier qui viendra enrichir la démarche du PTNB afin d’accélérer l’adoption du BIM.
Le béton, une “matériau” ou un “objet” ?
D’un point de vue “BIM”, le béton se trouve dans une position ambivalente, explique Jean-Marc Potier, chargé de mission technique au SNBPE : « C’est un matériau déjà défini dans les logiciels “BIM” du marché, mais dont certaines propriétés importantes sont manquantes (ex. classe d’exposition, consistance…), et le seul moyen actuel d’ajouter ces propriétés et de le faire non pas sur le matériau en lui –même, mais sur l’objet qui le contient (mur, dalle…) »
Une situation qui induit des risques. D’une part, celui de voir les architectes utiliser des “objets” déjà dotés de toutes leurs “propriétés” pour éviter d’avoir à saisir manuellement les propriétés du béton, mais dont certaines deviendraient alors erronées.
D’autre part, celui de voir les industriels, créer les nouvelles propriétés manquantes, mais de façon hétérogène (nom, unités différentes…). Pour juguler ce risque, un plan a déjà été arrêté pour 2017, explique Jean-Marc Potier : « La filière veut créer des objets génériques en béton, déjà dotés de propriétés, et inciter les industriels à présenter leurs produits sous forme d’objets bien définis. »
Une démarche qui devra cependant régulièrement se mettre au diapason des évolutions de la norme XP 107-150, encore en phase expérimentale.