En quelques mots, racontez-nous votre projet de réhabilitation, quartier Bompard à Marseille…
Matthieu Poitevin : Sous le coup d’un arrêté de péril, ce bâtiment situé rue Gachet, dans un quartier prisé du 7e arrondissement, abritait une ancienne fabrique de meubles. Plusieurs projets immobiliers ont été imaginés, mais aucun n’a vu le jour jusqu’à ce que l’on présente le nôtre au propriétaire des lieux.
L’idée est de conserver la structure atypique du bâtiment, faite d’une trame irrégulière, et d’y aménager une cinquantaine de logements d’une bonne surface. Il s’agit donc de transformer l’existant, et d’utiliser une partie des matériaux issus de la déconstruction, pour en faire une construction durable et organique.
Plus précisément, quels sont vos partis pris architecturaux ?
M. P. : Nous allons conserver le squelette en béton de l’édifice et le restructurer pour y aménager des appartements traversants et lumineux, disposant d’une terrasse commune et d’un toit accessible à tous, comme dans une médina. L’esprit méditerranéen, comme l’espace partagé, est notre fil conducteur pour l’ensemble des aménagements : terrasses, ombrières, piscine, solarium, jardins mutualisés, salle commune… Des ruelles et des placettes extérieures seront aussi créées comme autant d’espaces de respiration.
Cette opération s’inscrit également dans le cadre de l’économie circulaire, puisqu’il est question d’utiliser ou de réemployer un maximum de matériaux bruts et naturels, notamment le béton. Certains poteaux seront par exemple démolis, et les gravats seront concassés puis transformés en granulats pour en faire du béton hydrogommé.
De manière générale, si l’on se rappelle votre projet à la Belle de Mai, la reconversion de l’existant semble vous tenir à cœur…
M. P. : La ville étant un espace construit qui englobe des espaces industriels, il est intéressant de partir de l’existant et de s’en servir comme d’un support pour la ville de demain. Transformer le bâti et expérimenter de nouvelles solutions dans une optique vertueuse et durable, sans forcément passer par la démolition/reconstruction ou l’extension permanente, est un impératif pour préserver nos conditions d’habitabilité.
En ce sens, la reconversion de la friche de la rue Gachet est dans la continuité de ce que l’on a expérimenté en complexe culturel à la Belle de Mai, avec des logements cette fois.
En quoi le béton constitue-t-il un atout dans ce type de projets ?
M. P. : Souvent décrié, le béton propose des solutions que les autres matériaux ne proposent pas, tant au niveau des portées et des volumes, que de sa résistance ou de son traitement. Il rend le bâtiment flexible et évolutif dans le temps. C’est une matière organique qui peut être restructurée et modernisée, tout en laissant apparaître les stigmates du passé. Sa capacité à être recyclé le rend également vertueux au plan environnemental.