Vous avez contribué à la réhabilitation de la Halle 6 Est, à Nantes. Quels étaient le contexte et les objectifs de ce projet, et la nature du bâti ?
Benjamin Avignon : Située sur l’ancien site industriel de l’île de Nantes, la Halle 6 Est, dont l’origine remonte à 1847, était une usine Alstom de moteurs pour la construction navale jusqu’au début des années 2000. Ce lieu a ensuite abrité des ateliers d’artistes et des événements culturels avant d’être laissé en friche.
Le projet de réhabilitation de l’ensemble du quartier, lancé il y a une quinzaine d’années, a abouti à l’idée de transformer la Halle 6 Est en hôtel d’entreprises dédié aux filières créatives et numériques. Cette cathédrale industrielle de 6 000 m2, insérée dans un espace en plein réaménagement, était constituée de murs en pierre pour les soubassements et d’une ossature en béton avec des planchers à voûtains, surmontée d’une charpente métallique et de toits en dents de scie.
Quels ont été vos choix esthétiques et techniques, et par quoi ont-ils été guidés ?
B. A. : Le cahier des charges nous imposait de respecter le style et le gabarit d’origine du bâtiment, long de 90 mètres, large de 25, sur une hauteur de 15 mètres. Nous avons donc choisi de conserver les soubassements en pierre et béton, et de remplacer l’ancienne charpente métallique par une nouvelle répondant aux normes sismiques.
Pour l’intérieur, notre ambition était d’investir le vide central avec des “moteurs” distribuant des espaces partagés et les plateaux de travail en étage, d’intégrer de multiples puits de lumière en façade en plus des sheds en toiture, et de créer une rue intérieure sur toute la longueur du bâtiment. Nous avons également choisi de conserver l’aspect brut des matériaux acier et béton, ainsi que les gaines apparentes, pour exprimer toute la technicité du lieu.
Qu’est-ce que cela a impliqué de conserver l’ossature en béton ? Avez-vous utilisé ce matériau pour d’autres parties du projet ?
B. A. : L’utilisation de l’ossature béton existante a rendu possible le montage d’une nouvelle charpente métallique et d’une toiture en bac acier recouverte d’une membrane PVC. Les bétons originels étaient en assez bon état, mais les voûtains des planchers ont dû être dépollués et encapsulés.
Afin d’améliorer l’acoustique du lieu, nous avons installé, sur les parois intérieures verticales, des caissons isolants ainsi que des dalles à engazonner en béton, qui participent aussi à l’esthétique.
Les sols ont été réalisés en béton lissé et, pour les façades, nous avons opté pour des parements de plaques en fibrociment gris clair pour affirmer l’aspect monolithique du bâtiment.
Comment le lieu a-t-il été investi, et l’usage qui en est fait correspond-il à ce que vous projetiez ?
B. A. : Lieu totem de la tech nantaise, la Halle 6 Est est aujourd’hui remplie à 100%, par des entreprises issues des filières numériques, des industries culturelles et créatives, et par la Cantine Numérique, un incubateur de start-ups. En plus des 1 200 m² d’espaces de coworking, on y trouve deux plateaux open space sur 900 m², une quarantaine de bureaux privatifs de 15 à 300 m², et des espaces non affectés. C’est tout cet ensemble qui en fait un écosystème foisonnant et créatif, ouvert à des usagers différents réunis dans un même lieu, propice aux échanges, à la création et au développement de projets.