Vous avez créé une ligne de bijoux en or et béton. Comment vous est venue l’idée d’utiliser ce matériau plutôt inattendu en joaillerie ?
Patrice Fabre : Je suis autodidacte. J’ai abordé la joaillerie comme un hobby à la suite d’un séjour en Inde. Là-bas j’ai approché le marché des pierres et les joailliers. Je n’ai jamais eu de tabou par rapport aux matériaux. Le béton m’était familier. Je viens d’une famille qui travaillait dans le bâtiment (mon père était peintre décorateur), et je me suis toujours intéressé à l’architecture.
Je n’ai pas de tabou en ce qui concerne les matériaux. Utiliser le béton en joaillerie m’est apparu comme une évidence. Fabriquer un bijou comme on construit un mur en béton armé, en coulant du béton autour d’une armature métallique, c’était vraiment inédit
L’idée d’utiliser le béton pour créer des bijoux m’est venue à l’occasion d’un séminaire organisé par De Beers pour définir les tendances. Notre recherche portait sur les nouveaux matériaux. Je regardais un mur en face de moi et l’idée d’utiliser le béton m’est apparue comme une évidence. Mélanger du béton, de l’or et des diamants, c’était vraiment inédit ! J’ai imaginé créer un bijou comme on construit un mur en béton armé, en coulant du béton autour d’une armature métallique.
Cette armature métallique, elle a finalement pris la forme des grilles à souder qu’on utilise en joaillerie.
Après une période d’expérimentation, j’ai lancé en 1986 les premières pièces de ma ligne or et béton. Une gamme que je continue aujourd’hui encore de suivre et de développer.
D’un point de vue technique, quelles ont été vos contraintes pour la réalisation de ces bijoux ?
Patrice Fabre : Il nous a fallu trouver une formulation de béton spécifique, capable de répondre à trois critères essentiels. L’adhérence d’abord pour que le béton adhère parfaitement au métal. La non toxicité du matériau, qu’une étude spécifique nous a permis de confirmer. Et enfin, la pérennité, pour que le bijou traverse le temps. J’ai à ce propos eu l’occasion de voir certains bijoux réalisés il y a une vingtaine d’années, qui n’ont absolument pas bougé. Quant à la formulation, elle fait évidemment partie du secret de fabrication !