Quels est votre parcours et en quoi consiste cette invention ?
J’ai suivi une formation scientifique dans la chimie, puis des études d’ingénieur dans les travaux publics Réseaux et environnement : mon premier contact avec le béton. En 2011, j’ai créé l’Atelier des deux Chênes, dans le Maine-et-Loire. L’idée était de réaliser des tables et des objets en béton fibré, le micro-béton.
En 2013, j’ai découvert accidentellement que ce béton pouvait récupérer l’encre fixée sur du papier photo. Le transfert était imparfait et, pendant toute une année, j’ai cherché comment récupérer la totalité des pigments. Le brevet de ce procédé a été déposé en 2014 : il permet d’imprimer sur du béton blanc, des images en très haute définition.
Chercheur indépendant, un parcours semé d’embuches ?
Quand on ne travaille ni pour une grosse société, ni pour un organisme public, la vie de chercheur est difficile. J’ai dû aménager les locaux, financer la recherche et trouver seul toutes les solutions. Des heures passées à éplucher la documentation scientifique et dans l’atelier laboratoire. Il y aussi les problèmes de quantité. Comment acheter deux sacs de ciment quand celui-ci est vendu par palette ? Heureusement je le trouve maintenant en grande surface.
Vous aviez une bonne connaissance de la photographie ?
Oui. Je me suis toujours intéressé à l’art et à la photographie. J’avais mon propre labo et je travaille avec Photoshop. Certaines prises de vue se retrouvent aujourd’hui sur mes plaques de micro-béton.
Quelles sont les applications de l’impression haute définition sur micro-béton ?
Elles sont nombreuses et concernent les architectes, les designers, les décorateurs. D’autres usages intéressent la signalétique, les tables d’orientation par exemple, ou même le matériel funéraire. On peut travailler en très grand ou à l’échelle du bijou et imprimer sur des plaques ou sur des formes courbes.
Les dimensions maximales des imprimantes sont la limite de l’impression : 1,50 m de largeur sur 10 mètres de long. Épaisses de quelques millimètres, ces plaques peuvent être assemblées pour réaliser des murs d’images. Le micro-béton utilisé, très résistant, peut être installé aussi bien en intérieur qu’en extérieur. Les pigments sont protégés par un vernis modifié chimiquement qui résiste aux ultra-violets et aux intempéries.
Et demain ?
Aujourd’hui le procédé est bien rodé, j’ai créé la marque « mbimco » pour mieux le développer. Je commence à communiquer et à chercher des partenaires.
Entre l’inventeur et les artistes utilisateurs, il faut développer tout un réseau financier et industriel. Je suis chercheur plus que commercial. J’aimerai que des sociétés créent des lieux de production et adoptent mon procédé. Il permet, avec peu de moyens, d’obtenir une très haute qualité.
Je souhaite former les techniciens qui le mettront en œuvre. Découvrir ce procédé d’impression sur micro-béton est une grande aventure qui me donne le sentiment de m’inscrire dans une tradition de chercheurs.