Le pavillon s’inspire des architectures environnementales en milieu tropical. Il est conçu à partir d’un matériau biosourcé récolté à La Réunion : le bambou.
Son espace s’organise autour d’un « hyperboloïde » central, un totem de forme géométrique composé de 24 bambous assemblés dont la souplesse rappelle les ondulations de l’océan et l’adaptation constante des surfeurs à ses mouvements.
Servant aussi d’assise, le piédestal central rappelle la forme d’une vague avant de déferler. Comme la borne d’accueil, il a été construit en béton par le biais de l’impression 3D.
Au sol, le platelage en bambou reconstitué est posé sur des longrines en pin des Landes participant à l’ambiance maritime.
L’objectif de cette construction est de refléter à la fois les valeurs de la Fédération française de surf et celles de l’ENSAM, attachée à produire des bâtiments bioclimatiques dans le respect du Manifeste de la frugalité heureuse et créative dans l’architecture et l’aménagement des territoires urbains et ruraux publié en 2018.
ByBÉTON : L’objectif était de construire un pavillon bas carbone ?
Antoine Perrau : À l’ENSAM La Réunion, nous enseignons l’architecture bioclimatique afin de diminuer l’impact environnemental des constructions.
Les matériaux utilisés pour ce pavillon, principalement du bambou, poursuivent cette logique de réduction de l’empreinte carbone.
Le bambou pousse beaucoup plus vite que le bois. En cinq ans, une plantation est prête à être récoltée.
Si nous développons sa production et son usage, nous diminuerons aussi notre dépendance aux importations.
B.B. : Il y a aussi l’usage du béton qui contribue à l’empreinte carbone ?
A. P. : Avec ce projet, les étudiants ont découvert comment l’impression 3D du béton permet d’optimiser la quantité de matière. Ce projet valorise aussi les qualités du matériau : le béton joue un rôle de lest pour stabiliser la structure et constitue l’assise destinée au public ainsi que la borne d’entrée, ces deux éléments ayant été imprimés en 3D.
B.B. : Dans quelles conditions s’est déroulée cette impression en 3D ?
A. P. : Cette réalisation a été possible grâce à un partenariat avec l’École française du béton et l’association Bétocib qui nous ont assistés pour la formation, la conception et la fabrication avec l’impression 3D.
Le principal intérêt pédagogique de ce projet a été la mise en situation réelle des étudiants qui ont dû adapter leur design aux contraintes propres à cette technique.
Au départ, nous avions imaginé réaliser l’assise centrale en un seul bloc.
Ils se sont rendu compte que ce n’était pas faisable. Il a fallu la fabriquer en 24 éléments manuportables.
B.B. : Quels ont été les bénéfices pédagogiques de cette aventure ,
A. P. : Pour les étudiants, voir la réalisation de ce qu’ils ont dessiné est encore rarement possible dans les écoles d’architecture, même si cela tend à se développer.
Avec la construction de ce pavillon, nous sommes allés plus loin dans la démarche : il a fallu dialoguer avec les fournisseurs, les entreprises et s’adapter à leurs contraintes.
Les étudiants ont pu mesurer le poids de ces dernières lors du passage à la réalisation. Ils ont appris qu’un dialogue et une ouverture sont nécessaires entre tous les acteurs d’une équipe projet.